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Insolite
Une caravane Eriba devenue « presbytère itinérant » de passage en Creuse
Publié le 28/05/2017
Une caravane Eriba devenue « presbytère itinérant » de passage en Creuse
Fans des caravanes Eriba La Celle Dunoise et Curé Itinérant © aurore claverie
Parmi les passionnés des véhicules Eriba présents à La Celle-Dunoise (Creuse) jusqu’au lundi 29 mai, le père Antoine sillonne les villages pour rencontrer les gens avec sa caravane fétiche.
Il s’appelle Antoine, et a transformé sa « Toinette » en presbytère mobile. Une Toinette, c’est un modèle de la marque Eriba, ces caravanes toutes en rondeurs, légères et flexibles, nées en Allemagne il y a 60 ans…
Et pour fêter cet anniversaire, une soixantaine “d’éribistes” de la France entière a choisi de se rassembler au camping de La Celle-Dunoise jusqu’au 29 mai.
Le Rassemblement amical des passionnés d’Eriba a choisi la Creuse
Parmi eux, le père Antoine donc, invité par l’association RAPE (*).
« J’avais du mal avec cette image du prêtre qui court un peu partout »
Le père Antoine
« Les organisateurs m’ont trouvé par un article dans un journal, où je posais devant ma Toinette de 1975 », raconte Antoine Reneaut.
Le prêtre de 39 ans, qui parcourt la campagne d’Ariège pour aller à la rencontre de ses paroissiens a tout de suite répondu présent : « l’Église cherche sans arrêt des moyens de rencontrer les gens, et ici ce sont les gens qui font appel à un représentant de l’Église, ça me fait plaisir ».
Pas un rassemblement catholique
Pourtant, le rassemblement festif n’est pas catholique, loin s’en faut, leur seul point commun étant leur passion pour les petites caravanes mythiques. Alors si la présence du père Antoine est plutôt informelle, elle n’en reste pas moins appréciée. Au sein du camping, où il prend le temps de discuter avec ses voisins voire de bénir quelques caravanes, mais aussi dans le village.
Avant d’arriver, le jeune prêtre avait naturellement demandé à avoir accès à l’église, ne serait-ce que pour ses prières personnelles. La Celle-Dunoise n’ayant plus de prêtre, il a rapidement été convenu que le père Antoine puisse animer quelques messes, comme il le fait dans les villages d’Ariège.
Samedi soir comme pour le jeudi de l’Ascension, il a donc célébré deux offices, accompagné de son ami Jean à la guitare. Et les paroissiens sont venus en nombre pour y assister.
De village en village
Sa « caravane de la miséricorde », comme il l’a baptisée, customisée avec soin d’icônes religieuses à l’intérieur et d’articles de presse à l’extérieur – avec son petit chevalet dehors annonçant sa « mission » et ses disponibilités – lui est « tombée dans les bras ».
Fans des caravanes Eriba La Celle Dunoise et Curé Itinérant
À peine une semaine après qu’il s’est dit qu’aller prêcher en caravane serait une bonne idée, on lui en a donné une. Un signe peut-être, car le jeune prêtre n’y connaissait rien à ce genre d’engin et il l’avoue : « ce n’était pas mon délire ».
Pourtant, quand on lui a offert en novembre 2015, il n’a pas tardé à en faire sa seconde maison et depuis janvier 2016, il a visité presque une trentaine de villages ariégeois avec.
« Cela me donne plus de visibilité, comme ça les gens peuvent comprendre ce qui se passe quand je vais dans un village ouvrir l’église et me rendre disponible quelques jours », explique-t-il.
Un déplacement lent, qui prend son temps. Et surtout celui de s’arrêter, de faire étape. « J’avais du mal avec cette image du prêtre qui court un peu partout alors que je suis là pour être auprès des gens », avoue le père Antoine. Il a choisi la caravane en suivant les conseils des personnes qu’il rencontrait, comme un moyen technique, mais aussi comme un symbole de disponibilité.
« Ne pas arriver pour la messe, faire le truc, boire un coup et repartir »
Le père Antoine
D’abord seul, de plus en plus souvent accompagné comme ici du musicien Jean, mais parfois par des familles, le père Antoine ne souhaite cependant pas qu’on le prenne juste pour un « prêtre bizarre qui fait un truc cool ». Ce qu’il fait, c’est sous l’autorité de son évêque dans le diocèse de Pamiers, où il a son pied à terre.
Et sa mobilité est avant tout le message « d’une Église dans son ensemble, qui réfléchit à comment se rendre présente dans une forme de gratuité et de rencontres ». Le fait d’ouvrir une église quelques jours peut réveiller la vocation des chrétiens d’un village pour faire revivre le lieu même après son passage.
Volonté de rencontres
Cette démarche d’ouverture personnelle s’est faîte naturellement pour le père Antoine, à l’instar de l’ensemble de sa vie religieuse. Parce qu’il a vécu une « expérience spirituelle très forte » à 17 ans lors d’un pèlerinage à Rome qui a été l’occasion « d’une rencontre avec Dieu », le jeune Antoine a rapidement eu le désir de devenir prêtre, ou, comme il le formule, « de donner [sa] vie à Dieu ».
Ordonné prêtre à Pamiers en 2006, il a vite ressenti le besoin de vivre « une plus grande disponibilité auprès des gens, des relations plus de personne à personne plutôt que de représentant de l’église à quelqu’un demandant un service à l’église ».
Se sentir plus vrai, plus honnête dans ses relations avec les gens, en prenant son temps dans les villages, « ne pas arriver pour la messe, faire le truc, boire un coup et repartir », résume l’homme d’église.
Messes un peu festives
Porté par l’envie de découvrir une forme de gratuité de la vie dans une société « où les gens courent beaucoup », pouvoir prendre son temps quitte à choquer certains catholiques pour qui un prêtre à sa place dans une ville et pas dans une caravane, c’est l’objectif que s’est fixé le père Antoine.
Quant à sa Toinette, elle a réussi son coup « Il y a quelque chose qui se passe, beaucoup de joie en général, souvent les gens me remercient », sourit le père Antoine. Ses messes un peu festives y sont peut-être aussi un peu pour quelque chose, car ses compositions et louanges se transforment parfois en concert improvisé, « qui donne des rencontres inattendues, très chouettes ».
(*) Rassemblement amical des passionnés d’Eriba.
JP