Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Sujets "Out of Eriba" : hobbies, détente, humour, divers ...
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Anatole FRANCE
1844 - 1924
Le refus

Au fond de la chambre élégante
Que parfuma son frôlement,
Seule, immobile, elle dégante
Ses longues mains, indolemment.

Les globes chauds et mats des lampes
Qui luisent dans l'obscurité,
Sur son front lisse et sur ses tempes
Versent une douce clarté.

Le torrent de sa chevelure,
Où l'eau des diamants reluit,
Roule sur sa pâle encolure
Et va se perdre dans la nuit.

Et ses épaules sortent nues
Du noir corsage de velours,
Comme la lune sort des nues
Par les soirs orageux et lourds.

Elle croise devant la glace,
Avec un tranquille plaisir,
Ses bras blancs que l'or fin enlace
Et qui ne voudraient plus s'ouvrir,

Car il lui suffit d'être belle :
Ses yeux, comme ceux d'un portrait,
Ont une fixité cruelle,
Pleine de calme et de secret ;

Son miroir semble une peinture
Que quelque vieux maître amoureux
Offrit à la race future,
Claire sur un fond ténébreux,

Tant la beauté qui s'y reflète
A d'orgueil et d'apaisement,
Tant la somptueuse toilette
Endort ses plis docilement,

Et tant cette forme savante
Paraît d'elle-même aspirer
A l'immobilité vivante
Des choses qui doivent durer.

Pendant que cette créature,
Rebelle aux destins familiers,
Divinise ainsi la Nature
De sa chair et de ses colliers,

Le miroir lui montre, dans l'ombre,
Son amant doucement venu,
Au bord de la portière sombre,
Offrir son visage connu.

Elle se retourne sereine,
Dans l'amas oblique des plis,
Qu'en soulevant la lourde traîne
Son talon disperse, assouplis,

Darde, sans pitié, sans colère,
La clarté de ses grands yeux las,
Et, d'une voix égale et claire,
Dit : " Non ! je ne vous aime pas. "
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Pierre de RONSARD
1524 - 1585
Dans le serein de sa jumelle flamme

Dans le serein de sa jumelle flamme
Je vis Amour, qui son arc débandait,
Et sur mon coeur le brandon épandait,
Qui des plus froids les moelles enflamme.

Puis çà puis là près les yeux de ma dame
Entre cent fleurs un rets d'or me tendait,
Qui tout crépu blondement descendait
A flots ondés pour enlacer mon âme.

Qu'eussé-je fait ? l'Archer était si doux,
Si doux son feu, si doux l'or de ses noeuds,
Qu'en leurs filets encore je m'oublie :

Mais cet oubli ne me tourmente point,
Tant doucement le doux Archer me point,
Le feu me brûle, et l'or crêpe me lie.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Arthur RIMBAUD
1854 - 1891
Roman
I

On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...

II

- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...

III

Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...

IV

Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...

- Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Victor HUGO
1802 - 1885
Rêverie

Oh ! laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume
Cache un front inégal sous un cercle de brume,
L'heure où l'astre géant rougit et disparaît.
Le grand bois jaunissant dore seul la colline.
On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,
Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.

Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
Là-bas, - tandis que seul je rêve à la fenêtre
Et que l'ombre s'amasse au fond du corridor, -
Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
Déchire ce brouillard avec ses flèches d'or !

Qu'elle vienne inspirer, ranimer, ô génies,
Mes chansons, comme un ciel d'automne rembrunies,
Et jeter dans mes yeux son magique reflet,
Et longtemps, s'éteignant en rumeurs étouffées,
Avec les mille tours de ses palais de fées,
Brumeuse, denteler l'horizon violet !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Pierre de RONSARD
1524 - 1585
Douce Maîtresse
Chanson

Douce Maîtresse, touche,
Pour soulager mon mal,
Ma bouche de ta bouche
Plus rouge que coral ;
Que mon col soit pressé
De ton bras enlacé.

Puis, face dessus face,
Regarde-moi les yeux,
Afin que ton trait passe
En mon coeur soucieux,
Coeur qui ne vit sinon
D'Amour et de ton nom.

Je l'ai vu fier et brave,
Avant que ta beauté
Pour être son esclave
Du sein me l'eût ôté ;
Mais son mal lui plaît bien,
Pourvu qu'il meure tien.

Belle, par qui je donne
A mes yeux, tant d'émoi,
Baise-moi, ma mignonne,
Cent fois rebaise-moi :
Et quoi ? faut-il en vain
Languir dessus ton sein ?

Maîtresse, je n'ai garde
De vouloir t'éveiller.
Heureux quand je regarde
Tes beaux yeux sommeiller,
Heureux quand je les vois
Endormis dessus moi.

Veux-tu que je les baise
Afin de les ouvrir ?
Ha ! tu fais la mauvaise
Pour me faire mourir !
Je meurs entre tes bras,
Et s'il ne t'en chaut pas !

Ha ! ma chère ennemie,
Si tu veux m'apaiser,
Redonne-moi la vie
Par l'esprit d'un baiser.
Ha ! j'en sens la douceur
Couler jusques au coeur.

J'aime la douce rage
D'amour continuel
Quand d'un même courage
Le soin est mutuel.
Heureux sera le jour
Que je mourrai d'amour !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Ondine VALMORE
1821 - 1853

La voix
La neige au loin couvre la terre nue ;
Les bois déserts étendent vers la nue
Leurs grands rameaux qui, noirs et séparés,
D'aucune feuille encor ne sont parés ;
La sève dort et le bourgeon sans force
Est pour longtemps engourdi sous l'écorce ;
L'ouragan souffle en proclamant l'hiver
Qui vient glacer l'horizon découvert.
Mais j'ai frémi sous d'invisibles flammes
Voix du printemps qui remuez les âmes,
Quand tout est froid et mort autour de nous,
Voix du printemps, ô voix, d'où venez-vous ?...
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Jean de SPONDE
1557 - 1595
Les vents grondaient en l'air, les plus sombres nuages

Les vents grondaient en l'air, les plus sombres nuages
Nous dérobaient le jour pêle-mêle entassés,
Les abîmes d'enfer étaient au ciel poussés,
La mer s'enflait des monts, et le monde d'orages ;

Quand je vis qu'un oiseau délaissant nos rivages
S'envole au beau milieu de ces flots courroucés,
Y pose de son nid les fétus ramassés
Et rapaise soudain ces écumeuses rages.

L'amour m'en fit autant, et comme un Alcyon
L'autre jour se logea dedans ma passion
Et combla de bonheur mon âme infortunée.

Après le trouble, enfin, il me donna la paix :
Mais le calme de mer n'est qu'une fois l'année
Et celui de mon âme y sera pour jamais.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Maurice ROLLINAT
1846 - 1903
La plaine

Cette plaine sans un chemin
Figure au fond de la vallée
La solitude immaculée
Vierge de tout passage humain.

Presque nue, elle a du mystère,
Une étrangeté qui provient
De ses teintes d'aspect ancien
Et de son grand silence austère.

Une brise lourde, parfois,
Y laissant sa longue traînée,
Elle exhale l'odeur fanée
Des vieux vergers et des vieux bois.

L'effilé, le cataleptique
De ses arbrisseaux, les vapeurs
De son marécage en torpeur
Lui donnent comme un air mystique.

Dans le jour si pur qui trépasse,
Entre ses horizons pieux,
Elle est pour le coeur et les yeux
Un sanctuaire de l'espace.

Sous ces rameaux dormants et grêles
On rêve d'évocations,
De saintes apparitions,
De rencontres surnaturelles.

C'est pourquoi, deux légers oiseaux
S'étant à l'improviste envolé des roseaux
Et s'élevant tout droit vers la voûte éthérée,

A mesure que leur point noir
Monte, se perd, s'efface... on s'imagine voir
Deux âmes regagnant leur demeure sacrée.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Pour les amateurs des vieux poèmes

Pierre de RONSARD
1524 - 1585
Ores l'effroi et ores l'espérance

Ores l'effroi et ores l'espérance
De tous côtés se campent en mon coeur :
Ni l'un ni l'autre au combat n'est vainqueur,
Pareils en force et en persévérance.

Ores douteux, ores pleins d'assurance,
Entre l'espoir et le froid de la peur,
Heureusement de moi-même trompeur,
Au coeur captif je promets délivrance.

Verrai-je point avant mourir le temps,
Que je tondrai la fleur de son printemps,
Sous qui ma vie à l'ombrage demeure ?

Verrai-je point qu'en ses bras enlacé,
Recru d'amour, tout pantois et lassé,
D'un beau trépas entre ses bras je meure ?
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Victor HUGO
1802 - 1885
Que t'importe, mon coeur

Que t'importe, mon coeur, ces naissances des rois,
Ces victoires, qui font éclater à la fois
Cloches et canons en volées,
Et louer le Seigneur en pompeux appareil,
Et la nuit, dans le ciel des villes en éveil,
Monter des gerbes étoilées ?

Porte ailleurs ton regard sur Dieu seul arrêté !
Rien ici-bas qui n'ait en soi sa vanité.
La gloire fuit à tire-d'aile ;
Couronnes, mitres d'or, brillent, mais durent peu.
Elles ne valent pas le brin d'herbe que Dieu
Fait pour le nid de l'hirondelle !

Hélas ! plus de grandeur contient plus de néant !
La bombe atteint plutôt l'obélisque géant
Que la tourelle des colombes.
C'est toujours par la mort que Dieu s'unit aux rois.
Leur couronne dorée a pour faite sa croix,
Son temple est pavé de leurs tombes.

Quoi ! hauteur de nos tours, splendeur de nos palais,
Napoléon, César, Mahomet, Périclès,
Rien qui ne tombe et ne s'efface !
Mystérieux abîme où l'esprit se confond !
A quelques pieds sous terre un silence profond,
Et tant de bruit à la surface !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Théophile GAUTIER
1811 - 1872
J'ai laissé de mon sein de neige

J'ai laissé de mon sein de neige
Tomber un oeillet rouge à l'eau.
Hélas ! comment le reprendrai-je
Mouillé par l'onde du ruisseau ?
Voilà le courant qui l'entraîne !
Bel oeillet aux vives couleurs,
Pourquoi tomber dans la fontaine ?
Pour t'arroser j'avais mes pleurs !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Jean de SPONDE
1557 - 1595
Ne vous étonnez point si mon esprit qui passe

Ne vous étonnez point si mon esprit qui passe
De travail en travail par tant de mouvements,
Depuis qu'il est banni dans ces éloignements,
Tout agile qu'il est ne change point de place.

Ce que vous en voyez, quelque chose qu'il fasse,
Il s'est planté si bien sur si bons fondements,
Qu'il ne voudrait jamais souffrir de changements
Si ce n'est que le feu ne pût changer de place.

Ces deux contraires sont en moi seul arrêtés
Les faibles mouvements, les dures fermetés :
Mais voulez-vous avoir plus claire connaissance

Que mon espoir se meurt et ne se change point ?
Il tournoie à l'entour du point de la constance
Comme le ciel tournoie à l'entour de son point.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Joachim DU BELLAY
1522 - 1560
J'aime la liberté, et languis en service

J'aime la liberté, et languis en service,
Je n'aime point la cour, et me faut courtiser,
Je n'aime la feintise, et me faut déguiser,
J'aime simplicité, et n'apprends que malice ;

Je n'adore les biens, et sers à l'avarice,
Je n'aime les honneurs, et me les faut priser,
Je veux garder ma foi, et me la faut briser,
Je cherche la vertu, et ne trouve que vice !

Je cherche le repos, et trouver ne le puis,
J'embrasse le plaisir, et n'éprouve qu'ennuis,
Je n'aime à discourir, en raison je me fonde :

J'ai le corps maladif, et me faut voyager,
Je suis né pour la Muse, on me fait ménager ;
Ne suis-je pas, Morel, le plus chétif du monde ?
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Marceline DESBORDES-VALMORE
1786 - 1859
Sans l'oublier

Sans l'oublier, on peut fuir ce qu'on aime.
On peut bannir son nom de ses discours,
Et, de l'absence implorant le secours,
Se dérober à ce maître suprême,
Sans l'oublier !

Sans l'oublier, j'ai vu l'eau, dans sa course,
Porter au loin la vie à d'autres fleurs ;
Fuyant alors le gazon sans couleurs,
J'imitai l'eau fuyant loin de la source,
Sans l'oublier !

Sans oublier une voix triste et tendre,
Oh ! que de jours j'ai vus naître et finir !
Je la redoute encor dans l'avenir :
C'est une voix que l'on cesse d'entendre,
Sans l'oublier !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Que c'est joliment dit , un régal

Théophile GAUTIER
1811 - 1872
A une robe rose

Que tu me plais dans cette robe
Qui te déshabille si bien,
Faisant jaillir ta gorge en globe,
Montrant tout nu ton bras païen !

Frêle comme une aile d'abeille,
Frais comme un coeur de rose-thé,
Son tissu, caresse vermeille,
Voltige autour de ta beauté.

De l'épiderme sur la soie
Glissent des frissons argentés,
Et l'étoffe à la chair renvoie
Ses éclairs roses reflétés.

D'où te vient cette robe étrange
Qui semble faite de ta chair,
Trame vivante qui mélange
Avec ta peau son rose clair ?

Est-ce à la rougeur de l'aurore,
A la coquille de Vénus,
Au bouton de sein près d'éclore,
Que sont pris ces tons inconnus ?

Ou bien l'étoffe est-elle teinte
Dans les roses de ta pudeur ?
Non ; vingt fois modelée et peinte,
Ta forme connaît sa splendeur.

Jetant le voile qui te pèse,
Réalité que l'art rêva,
Comme la princesse Borghèse
Tu poserais pour Canova.

Et ces plis roses sont les lèvres
De mes désirs inapaisés,
Mettant au corps dont tu les sèvres
Une tunique de baisers.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Marceline DESBORDES-VALMORE
1786 - 1859
La voix d'un ami

Si tu n'as pas perdu cette voix grave et tendre
Qui promenait mon âme au chemin des éclairs
Ou s'écoulait limpide avec les ruisseaux clairs,
Eveille un peu ta voix que je voudrais entendre.

Elle manque à ma peine, elle aiderait mes jours.
Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée.
Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !

Souffle vers ma maison cette flamme sonore
Qui seule a su répondre aux larmes de mes yeux.
Inutile à la terre, approche-moi des cieux.
Si l'haleine est en toi, que je l'entende encore !

Elle manque à ma peine ; elle aiderait mes jours.
Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée.
Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Paul VERLAINE
1844 - 1896
Le clown

Bobèche, adieu ! bonsoir, Paillasse ! arrière, Gille !
Place, bouffons vieillis, au parfait plaisantin,
Place ! très grave, très discret et très hautain,
Voici venir le maître à tous, le clown agile.

Plus souple qu'Arlequin et plus brave qu'Achille,
C'est bien lui, dans sa blanche armure de satin ;
Vides et clairs ainsi que des miroirs sans tain,
Ses yeux ne vivent pas dans son masque d'argile.

Ils luisent bleus parmi le fard et les onguents,
Cependant que la tête et le buste, élégants,
Se balancent sur l'arc paradoxal des jambes.

Puis il sourit. Autour le peuple bête et laid,
La canaille puante et sainte des Iambes,
Acclame l'histrion sinistre qui la hait.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Jean de LA FONTAINE
1621 - 1695
Le Chêne et le Roseau

Le Chêne un jour dit au Roseau :
"Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. "Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

René-François SULLY PRUDHOMME
1839 - 1907
Pluie

Il pleut. J'entends le bruit égal des eaux ;
Le feuillage, humble et que nul vent ne berce,
Se penche et brille en pleurant sous l'averse ;
Le deuil de l'air afflige les oiseaux.

La bourbe monte et trouble la fontaine,
Et le sentier montre à nu ses cailloux.
Le sable fume, embaume et devient roux ;
L'onde à grands flots le sillonne et l'entraîne.

Tout l'horizon n'est qu'un blême rideau ;
La vitre tinte et ruisselle de gouttes ;
Sur le pavé sonore et bleu des routes
Il saute et luit des étincelles d'eau.

Le long d'un mur, un chien morne à leur piste,
Trottent, mouillés, de grands boeufs en retard ;
La terre est boue et le ciel est brouillard ;
L'homme s'ennuie : oh ! que la pluie est triste !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Clovis Hesteau de NUYSEMENT
1550 - 2016
De la cime des monts les fiers torrents se roulent

De la cime des monts les fiers torrents se roulent
Quand les neiges font place aux trésors du printemps,
Des fontainières eaux s'engorgent les étangs
Et leurs calmes ruisseaux par les plaines découlent.

Les troupeaux amoureux les fleurs à bonds refoulent,
Les pasteurs font leur bal heureusement contents,
Les glacés Aquilons s'enserrent pour un temps,
Et de l'humeur d'en bas les Pléiades se saoulent.

De mes yeux languissants découlent deux torrents,
Ma plaie fait de sang un étang par dedans
Qui regorgeant se crève et s'épand dans mes veines,

Les Amours animés foulent mes jeunes ans,
Mes soupirs cessent bien, mais ces astres ardents
Sans fin tirent mon âme et influent mes peines.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Émile VERHAEREN
1855 - 1916
Les plaines

Sous la tristesse et l'angoisse des cieux
Les lieues
S'en vont autour des plaines ;
Sous les cieux bas
Dont les nuages traînent
Immensément, les lieues
Se succèdent, là-bas.

Droites sur des chaumes, les tours ;
Et des gens las, par tas,
Qui vont de bourg en bourg:
Les gens vaguants
Comme la route, ils ont cent ans ;
Ils vont de plaine en plaine,
Depuis toujours, à travers temps.
Les précèdent ou bien les suivent
Les charrettes dont les convois dérivent
Vers les hameaux et les venelles,
Les charrettes perpétuelles,
Grinçant le lamentable cri,
Le jour, la nuit,
De leurs essieux vers l'infini.
C'est la plaine, la plaine.
Immensément, à perdre haleine.

De pauvres clos ourlés de haies
Ecartèlent leur sol couvert de plaies ;
De pauvres clos, de pauvres fermes,
Les portes lâches
Et les chaumes, comme des bâches,
Que le vent troue à coups de hache.
Aux alentours, ni trèfle vert, ni luzerne rougie,
Ni lin, ni blé, ni frondaisons, ni germes ;
Depuis longtemps, l'arbre, par la foudre cassé,
Monte, devant le seuil usé,
Comme un malheur en effigie.

C'est la plaine, la plaine blême,
Interminablement, toujours la même.

Par au-dessus, souvent,
Rage si fort le vent
Que l'on dirait le ciel fendu
Aux coups de boxe
De l'équinoxe.
Novembre hurle, ainsi qu'un loup
Au coin des bois, par le soir fou.
Les ramilles et les feuilles gelées
Passent giflées
Sur les mares, dans les allées ;
Et les grands bras des Christs funèbres,
Aux carrefours, dans les ténèbres,
Semblent grandir et tout à coup partir,
En cris de peur, vers le soleil perdu.
C'est la plaine, la plaine
Où ne vague que crainte et peine.

Les rivières stagnent ou sont taries,
Les flots n'arrivent plus jusqu'aux prairies,
Les énormes digues de tourbe,
Inutiles, tracent leur courbe ;
Comme le sol, les eaux sont mortes ;
Parmi les îles, en escortes
Vers la mer, où les anses encor se mirent,
Les haches et les marteaux voraces
Dépècent les carcasses
Lamentables des vieux navires.

C'est la plaine, la plaine
Sinistrement, à perdre haleine,
C'est la plaine et sa démence
Que sillonnent des vols immenses
De cormorans criant la mort
A travers l'ombre et la brume des Nords ;
C'est la plaine, la plaine
Mate et longue comme la haine,
La plaine et le pays sans fin
Où le soleil est blanc comme la faim,
Où pourrit aux tournants du fleuve solitaire,
Dans la vase, le coeur antique de la terre.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Charles-Marie LECONTE DE LISLE
1818 - 1894
Un acte de charité

Certes, en ce temps-là, le bon pays de France
Par le fait de Satan fut très fort éprouvé,
Pas un grêle fétu du sol n'ayant levé
Et le maigre bétail étant mort de souffrance.

Trois ans passés, un vrai déluge, nuit et jour,
Ruisselait par les champs où débordaient les fleuves.
Or, chacun subissait les communes épreuves,
Le bourgeois dans sa ville et le sire en sa tour.

Mais les Jacques, Seigneur ! Dévorés de famine,
Ils vaguaient au hasard le long des grands chemins,
Haillonneux et geignant et se tordant les mains,
Et faisant rebrousser les loups, rien qu'à la mine !

L'été durant, tout mal est moindre, quoique amer ;
On se pouvait encor nourrir, malgré le Diable ;
Mais où la chose en soi devenait effroyable,
Sainte Vierge ! c'était par les froids de l'hiver.

De vrais spectres, s'il est un nom dont on les nomme,
Par milliers, sur la neige, étiques, aux abois,
Râlaient. On entendait se mêler dans les bois
Les cris rauques des chiens aux hurlements de l'homme.

C'étaient d'horribles nuits après des jours affreux ;
Et les plus forts tendaient aux plus faibles des pièges ;
Et le Maudit put voir des repas sacrilèges
Où les enfants d'Adam se dévoraient entre eux.

Donc, en ces temps damnés, une très noble Dame
Vivait en son terroir, près la cité de Meaux.
Quand le pauvre pays fut en proie à ces maux,
Une grande pitié s'éveilla dans son âme.

Elle ouvrit ses greniers aux gens saisis de faim,
Sacrifia ses boeufs, ses vaches, par centaines,
Fondit ses plats d'argent, vendit l'or de ses chaînes,
Donna tant, que tout vint à lui manquer enfin.

Alors, par bonté pure, elle se fit errante ;
Elle allait conduisant son monde exténué,
Long troupeau qui n'était jamais diminué,
Car, pour dix qui mouraient, il en survenait trente.

Mais les villes baissaient les herses, dans la peur
Que la horde affamée engloutît leur réserve.
En ce siècle, - que Dieu du pareil nous préserve ! -
Les bourgeois avaient plus d'angelots que de coeur.

Les campagnes étant désertes, tout en friche,
Il fallait en finir. La Dame résolut
De délivrer les siens en faisant leur salut ;
Car en charité vraie elle était toujours riche.

Une nuit que six cents mendiants s'étaient mis
À l'abri du grand froid en une vaste grange,
Pleine de dévoûment et d'une force étrange,
Elle barricada tous ses pauvres amis.

Aux angles du réduit de sapin et de chaume,
Versant des pleurs amers, elle alluma du feu :
J'ai fait ce que j'ai pu, je vous remets à Dieu,
Cria-t-elle, et Jésus vous ouvre son royaume ! -

Tous passèrent ainsi dans leur éternité ;
Prompte mort, d'une paix bienheureuse suivie.
Pour la Dame, en un cloître elle acheva sa vie.
Que Dieu la juge en son infaillible équité !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Béroalde de VERVILLE
1556 - 1626
Perdez, froissez, tuez cette âme vagabonde

Perdez, froissez, tuez cette âme vagabonde,
Qui délaissant ce jour cherche votre manoir,
Ô puissances d'en-bas, si vous avez pouvoir
Sur les captifs d'amour qui dédaignent ce monde.

Vous Esprits, qui toujours allez faisant la ronde
A l'entour de nos coeurs, tâchant nous décevoir,
Employez les secrets de tout votre savoir
Pour mettre en mon esprit une peine seconde.

Fuyez, Esprits, fuyez, votre mort, votre horreur
Ploye sous les efforts de l'aveugle fureur
Qu'excite dans le sang une rage amoureuse.

Tout votre vain pouvoir n'a pouvoir sur l'amour.
Je veux donc encor voir les douceurs de ce jour,
Flattant en mon malheur ma vie malheureuse.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Joachim DU BELLAY
1522 - 1560
Si nostre vie est moins qu'une journée...

Si nostre vie est moins qu'une journée
En l'eternel, si l'an qui faict le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née,

Que songes-tu, mon ame emprisonnée ?
Pourquoy te plaist l'obscur de nostre jour,
Si pour voler en un plus cler sejour,
Tu as au dos l'aele bien empanée ?

La, est le bien que tout esprit desire,
La, le repos où tout le monde aspire,
La, est l'amour, la, le plaisir encore.

La, ô mon ame au plus hault ciel guidée !
Tu y pouras recongnoistre l'Idée
De la beauté, qu'en ce monde j'adore.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Charles GUÉRIN
1873 - 1907
Tu rangeais en chantant pour le repas du soir

Tu rangeais en chantant pour le repas du soir
Le pain blond, du laitage et le fruit de nos treilles,
Autour d'un rayon d'or formé par les abeilles ;
Et te voici qui viens tout près de moi t'asseoir.

Il a plu ; l'air mouillé répand une odeur verte,
Le fifre d'un insecte invisible au plafond
Alterne avec le bruit que les gouttes d'eau font
Sur des feuilles au bord de la croisée ouverte.

Nous rêvons, accoudés sur la nappe, devant
Les mets simples auxquels nul de nous deux ne touche.
Nous nous taisons ; parfois tu poses sur ma bouche
Ton bras nu qui frissonne au souffle frais du vent.

La fenêtre faisant un cadre au paysage
Se peint avec les bois et l'horizon natal
Sur les flancs ronds et purs d'un vase de cristal
Dont le courbe miroir nous grossit le visage.

Là-bas, le ciel d'automne est rouge et soucieux.
Ô doux et longs instants d'amour ! Le crépuscule
Décolore déjà l'univers minuscule
Qui diaprait l'azur de la buire et nos yeux.

Ton coeur frappe à la place où ma tête s'appuie,
Nous écoutons les fruits tomber dans le jardin,
Pensifs, et tressaillant ensemble quand, soudain,
Le vent secoue un arbre encor chargé de pluie.

Alors, et bénissant le jour qui va finir,
Comme deux voyageurs, d'un regard en arrière,
Nous laissons dans l'ardeur d'une même prière
Et nos mains et nos voix et nos âmes s'unir.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Paul VERLAINE
1844 - 1896
Compagne savoureuse et bonne

Compagne savoureuse et bonne
À qui j'ai confié le soin
Définitif de ma personne,
Toi mon dernier, mon seul témoin,
Viens çà, chère, que je te baise,
Que je t'embrasse long et fort,
Mon coeur près de ton coeur bat d'aise
Et d'amour pour jusqu'à la mort :
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Je vais gueux comme un rat d'église
Et toi tu n'as que tes dix doigts ;
La table n'est pas souvent mise
Dans nos sous-sols et sous nos toits ;
Mais jamais notre lit ne chôme,
Toujours joyeux, toujours fêté
Et j'y suis le roi du royaume
De ta gaîté, de ta santé !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Après nos nuits d'amour robuste
Je sors de tes bras mieux trempé,
Ta riche caresse est la juste,
Sans rien de ma chair de trompé,
Ton amour répand la vaillance
Dans tout mon être, comme un vin,
Et, seule, tu sais la science
De me gonfler un coeur divin.
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Qu'importe ton passé, ma belle,
Et qu'importe, parbleu ! le mien :
Je t'aime d'un amour fidèle
Et tu ne m'as fait que du bien.
Unissons dans nos deux misères
Le pardon qu'on nous refusait
Et je t'étreins et tu me serres
Et zut au monde qui jasait !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Paul VERLAINE
1844 - 1896
Nevermore

Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.

Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant
" Quel fut ton plus beau jour? " fit sa voix d'or vivant,

Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.

- Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
Lavandine
Messages : 127
Enregistré le : lun. 10 juin 2013 18:40
Modèle de caravane : Triton 410 de 2000 - Skoda Yeti 115 CV diesel
prénom : Marco et Gini
Localisation : le sud
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par Lavandine »

De la tolérance et de l’intolérance.

Deux mots sont présents dans mes pensées
Car ils mènent soit au fanatisme ou à la paix,
Deux mots que l’on entend et qui sont associés
Au bien et au mal, à la peur et l’ignorance.
Ces deux mots classifiés comme tolérance
Et intolérance pèsent lourd sur la conscience
Humaine. L’intolérance n’est pas génétique,
Pourtant elle engendre des êtres fanatiques,
Ombrageux qui ressentent des antiques
Sentiments d’insécurité, face aux valeurs
Et croyances des autres. Le grand malheur
C’est que l’intolérance est universelle, la peur
Aussi laquelle nous mène à bêtement penser
Qu’il suffit d’éliminer les autres pour libérer
Le monde des fauteurs de troubles. L’humanité
Pourra alors vivre en paix, une seule voix,
Une seule pensée, une seule religion, une seule foi
Qui dominera le monde et fera bien sûr la loi.
La tolérance s’apprend jeune, elle est l’enfant chéri
De la compassion, de l’amour qui protège la vie,
Rejette la violence, le mal et choisit de faire le bien.

Elie Mangoubi
Mon Eriba, j'en suis gaga !
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Jean de LA FONTAINE
1621 - 1695
Le Lièvre et les Grenouilles

Un Lièvre en son gîte songeait
(Car que faire en un gîte, à moins que l'on ne songe ?) ;
Dans un profond ennui ce Lièvre se plongeait :
Cet animal est triste, et la crainte le ronge.
"Les gens de naturel peureux
Sont, disait-il, bien malheureux.
Ils ne sauraient manger morceau qui leur profite ;
Jamais un plaisir pur ; toujours assauts divers.
Voilà comme je vis : cette crainte maudite
M'empêche de dormir, sinon les yeux ouverts.
Corrigez-vous, dira quelque sage cervelle.
Et la peur se corrige-t-elle ?
Je crois même qu'en bonne foi
Les hommes ont peur comme moi. "
Ainsi raisonnait notre Lièvre,
Et cependant faisait le guet.
Il était douteux, inquiet :
Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre.
Le mélancolique animal,
En rêvant à cette matière,
Entend un léger bruit : ce lui fut un signal
Pour s'enfuir devers sa tanière.
Il s'en alla passer sur le bord d'un étang.
Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes ;
Grenouilles de rentrer en leurs grottes profondes.
"Oh! dit-il, j'en fais faire autant
Qu'on m'en fait faire ! Ma présence
Effraie aussi les gens ! je mets l'alarme au camp !
Et d'où me vient cette vaillance ?
Comment ? Des animaux qui tremblent devant moi !
Je suis donc un foudre de guerre !
Il n'est, je le vois bien, si poltron sur la terre
Qui ne puisse trouver un plus poltron que soi. "
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
Chambord45
Messages : 3642
Enregistré le : mer. 6 juin 2012 20:09
Modèle de caravane : Puck de 1979 & Triton BST de 1988
prénom : Nina & Claude
Localisation : 45
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par Chambord45 »

:hello:
Ce n'est pas un poème, mais je ne sais ou le copier :

Lettre à mon père qui n’aurait pas supporté cette époque !
Tu étais ouvrier agricole. À onze ans, tu labourais déjà avec un cheval. À 80, tu descendais de ton dernier tracteur. Et, voici quelques années, alors que tu venais de souffler tes 91 bougies, tu partis pour trop longtemps de l’autre côté du chronomètre. Ne connaissant pas ta nouvelle adresse, je ne t’écris pas souvent. Le vent, le chant des oiseaux et la course des étoiles étant mieux qualifiés que moi pour te donner des nouvelles du monde. Mais aujourd’hui et peut-être car j’aimerais pouvoir compter encore un peu sur toi, je viens te parler de ce monde qui, justement, n’y est plus tout à fait.

Nous voilà pilotés par quelques jeunes godelureaux qui font fureur dans la maladresse et le mépris, qui croient savoir ce qui est bien pour nous, car ils savent avant tout ce qui est bien pour eux. Depuis le mois de mars nous avançons, un masque plaqué sur le visage. Pendant 6 mois les enfants ne sont pas allés à l’école. D’ailleurs, en parlant d’école, ceux de ta génération faisaient moins de fautes et savaient mieux compter avec un simple certificat d’études que la plupart de nos bacheliers.

Que je te dise aussi, parce que certains font déjà semblant de l’oublier, au début de l’été, quelques élus zélés avaient installé des corridors sur le sable pour que nous puissions aller voir la mer. Oui, oui, tu peux me croire, nous n’avions même plus le droit d’aller voir la mer, ni la montagne d’ailleurs ! Et puis, plus rien, peut-être parce que les échevins de faction à Lutèce avaient compris qu’il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin.

Avant cela, ils nous ont aussi interdit de rendre visite à nos anciens dans les maisons de retraite où beaucoup sont morts sans avoir vu une dernière fois leurs épouses, leurs maris, leurs enfants. Il était interdit de marcher dans la rue, de nous déplacer d’un village à l’autre, d’aller débusquer la morille dans le bois d’à côté, pas moyen de se faire couper les cheveux, le coiffeur avait baissé son rideau, plus de dentiste, idem pour les rendez-vous médicaux. Les mariages aussi étaient interdits, aux enterrements pas plus de 10 personnes. “Interdit” : je répète souvent ce mot parce que, désormais, ici, c’est le plus couramment employé.

Pour aller chez le boucher, chez l’épicier, “faire de l’essence” ou se dégourdir les mollets, il fallait se munir d’un laisser passer. Un bout de papier contrôlé par les gardes du cardinal de service que l’on nous obligeait à remplir nous-même, c’est dire le degré de soumission. Avec, comme en temps de guerre, çà et là, planqués derrière les volets, le relent des délations.

Interdit de nous rassembler, interdit de danser, il n’y a pas eu de bal au village cet été. Interdit de jouer aux boules, au ballon, au loto dans la salle des fêtes, à la belote dans les bistrots. De toutes façons les bistrots étaient fermés et, d’ici quelques temps, ils le seront peut-être à nouveau. Figure-toi qu’ils envisagent même de nous prendre la fièvre à l’entrée des restaurants.

Tous les soirs, à la télévision, nous devons écouter la parole des savants. C’est comme ça, on ne nous demande plus notre avis. Sauf, parce que ça c’est important et qu’il faut bien nous occuper, pour voter par téléphone et désigner celui qui aura le mieux chanté dans les émissions de téléréalité. D’ailleurs, à la télé, il n’y a plus que des séries policières, ça tire de tous les côtés, des meurtres en veux-tu en voilà. Tu sais même plus si c’est les informations ou du cinéma.

J’ai entendu dire aussi qu’il n’y aurait bientôt plus de pièces ni de billets, seulement des instructions sur des boites vocales et des chiffres sur des écrans d’ordinateurs. L’argent, c’est trop sale. Même avec ça, ils arrivent à nous faire peur pour mieux contrôler nos économies.

Je te jure, ce ne sont pas des conneries. Arrête de rigoler, tout est vrai. Et attends, tu vas voir ce que nous réservent les “forces de progrès”. Si tu revenais, tu ne reconnaîtrais pas ces garrigues où tu taillais la vigne entre deux bourrasques de tramontane gelée. Là-haut, les écolos ont planté leurs grands tourniquets blancs pour brasser du vent aussi futile que leurs idées. Et des idées, ils n’en manquent pas. Tiens, récemment l’un d’entre eux a supprimé le sapin de Noël, une autre veut “éliminer” les hommes, certains veulent interdire le Tour de France. D’ailleurs cette année il a eu lieu en septembre, sans demoiselles pour embrasser le champion.

De toutes façons, on ne s’embrasse plus, on ne se serre plus la main. Pendant ce temps, dans les villes, les vandales (ce mot me vaudra peut-être un procès…) continuent de tout péter. Dans les campagnes, d’autres abrutis crèvent les yeux des chevaux, leur coupent les oreilles, massacrent les génisses, éventrent les petits veaux. Un peu partout, les églises flambent, mais il ne faut pas en parler. Des détraqués s’en prennent à la République, mais il n’est pas certain qu’ils le fassent exprès.

Bientôt nous ne pourrons plus rouler en voiture. Pour désherber, même sur les coteaux il va falloir reprendre la pioche. Un philosophe, qui sait certainement ce que travailler veut dire, préconise d’arrêter l’utilisation des moteurs pour avoir recours à l’énergie musculaire “animale ou humaine”. Ils sont allés chercher des ours dans les Carpates pour les installer dans les Alpes et les Pyrénées. Ils protègent les loups pendant que les troupeaux sont décimés. Et ils tirent des citoyens au sort pour imaginer le futur de nos paysans. Parce que ceux-là ont une “opinion”, tu comprends. Ils ont des idées. Même si certains ne savent pas faire la différence entre une aubergine et un navet.

Les chasseurs aussi en prennent plein la gueule, les cirques n’auront bientôt plus d’animaux. Et, tiens-toi bien, parce que celle-là il fallait la trouver, la viande sera remplacée par des steaks végétaux fabriqués dans des labos.

Comment expliquer ça à un gars comme toi qui descendais les rangées de vigne avec un sac de 50 kilos d’engrais coincé sous chaque bras, qui célébrait l’entrecôte et honorait le gigot, qui n’étais même pas rassasié après une centaine d’escargots ? Toi l’épicurien qui me conseilla un jour, alors que je sillonnais une parcelle longtemps restée en friche, de changer de sens parce que je ne suivais pas la bonne pente. Celle que l’eau devait emprunter naturellement. Celle que seuls les anciens connaissaient et que l’on ne pouvait distinguer à l’œil nu.

Parce qu’il en va, je le crois, de l’eau et du cours des rivières comme de celui de l’histoire. Si nous perdons les repères, si nous oublions la réalité, si nous ne transmettons pas le savoir avec cette part consubstantielle de sensibilité qui demeure la part la plus profonde de l’homme, les sources vont se tarir. Et les chemins qui sont parfois ceux de nos libertés, risquent de se refermer sur la misère et le chaos.

Allez Papa, je te laisse. Et surtout ne regrette rien. Ici-bas, Mad Max est en train de remplacer Don Camillo !

A+
Claude
ERIBA un jour...ERIBA toujours.
Avatar du membre
Lavandine
Messages : 127
Enregistré le : lun. 10 juin 2013 18:40
Modèle de caravane : Triton 410 de 2000 - Skoda Yeti 115 CV diesel
prénom : Marco et Gini
Localisation : le sud
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par Lavandine »

:image002:
Mon Eriba, j'en suis gaga !
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Paul VERLAINE
1844 - 1896
Images d'un sou

De toutes les douleurs douces
Je compose mes magies !
Paul, les paupières rougies,
Erre seul aux Pamplemousses.
La Folle-par-amour chante
Une ariette touchante.
C'est la mère qui s'alarme
De sa fille fiancée.
C'est l'épouse délaissée
Qui prend un sévère charme
A s'exagérer l'attente
Et demeure palpitante.
C'est l'amitié qu'on néglige
Et qui se croit méconnue.
C'est toute angoisse ingénue,
C'est tout bonheur qui s'afflige :
L'enfant qui s'éveille et pleure,
Le prisonnier qui voit l'heure,
Les sanglots des tourterelles,
La plainte des jeunes filles.
C'est l'appel des Inésilles
- Que gardent dans des tourelles
De bons vieux oncles avares -
A tous sonneurs de guitares.
Voici Damon qui soupire
Sa tendresse à Geneviève
De Brabant qui fait ce rêve
D'exercer un chaste empire
Dont elle-même se pâme
Sur la veuve de Pyrame
Tout exprès ressuscitée,
Et la forêt des Ardennes
Sent circuler dans ses veines
La flamme persécutée
De ces princesses errantes
Sous les branches murmurantes,
Et madame Malbrouck monte
A sa tour pour mieux entendre
La viole et la voix tendre
De ce cher trompeur de Comte
Ory qui revient d'Espagne
Sans qu'un doublon l'accompagne.
Mais il s'est couvert de gloire
Aux gorges des Pyrénées
Et combien d'infortunées
Au teint de lys et d'ivoire
Ne fit-il pas à tous risques
Là-bas, parmi les Morisques !...
Toute histoire qui se mouille
De délicieuses larmes,
Fût-ce à travers des chocs d'armes,
Aussitôt chez moi s'embrouille,
Se mêle à d'autres encore,
Finalement s'évapore
En capricieuses nues,
Laissant à travers des filtres
Subtils talismans et philtres
Au fin fond de mes cornues
Au feu de l'amour rougies.
Accourez à mes magies !
C'est très beau. Venez, d'aucunes
Et d'aucuns. Entrez, bagasse !
Cadet-Roussel est paillasse
Et vous dira vos fortunes.
C'est Crédit qui tient la caisse.
Allons vite qu'on se presse !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
Lavandine
Messages : 127
Enregistré le : lun. 10 juin 2013 18:40
Modèle de caravane : Triton 410 de 2000 - Skoda Yeti 115 CV diesel
prénom : Marco et Gini
Localisation : le sud
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par Lavandine »

Chaque enfant qu’on enseigne.

Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne.
Quatre vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l’école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d’une croix.
C’est dans cette ombre-là qu’ils ont trouvé le crime.
L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme.
Où rampe la raison, l’honnêteté périt.

Dieu, le premier auteur de tout ce qu’on écrit,
A mis, sur cette terre où les hommes sont ivres,
Les ailes des esprits dans les pages des livres.
Tout homme ouvrant un livre y trouve une aile, et peut
Planer là-haut où l’âme en liberté se meut.
L’école est sanctuaire autant que la chapelle.
L’alphabet que l’enfant avec son doigt épelle
Contient sous chaque lettre une vertu, le cœur
S’éclaire doucement à cette humble lueur.
Donc au petit enfant donnez le petit livre.
Marchez, la lampe en main, pour qu’il puisse vous suivre.

La nuit produit l’erreur et l’erreur l’attentat.
Faute d’enseignement, on jette dans l’état
Des hommes animaux, têtes inachevées,
Tristes instincts qui vont les prunelles crevées,
Aveugles effrayants, au regard sépulcral,
Qui marchent à tâtons dans le monde moral.
Allumons les esprits, c’est notre loi première,
Et du suif le plus vil faisons une lumière.
L’intelligence veut être ouverte ici-bas,
Le germe a droit d’éclore, et qui ne pense pas
Ne vit pas. Ces voleurs avaient le droit de vivre.
Songeons-y bien, l’école en or change le cuivre,

Tandis que l’ignorance en plomb transforme l’or.
Je dis que ces voleurs possédaient un trésor,
Leur pensée immortelle, auguste et nécessaire,
Je dis qu’ils ont le droit, du fond de leur misère,
De se tourner vers vous, à qui le jour sourit,
Et de vous demander compte de leur esprit,
Je dis qu’ils étaient l’homme et qu’on en fit la brute,
Je dis que je nous blâme et que je plains leur chute,
Je dis que ce sont eux qui sont les dépouillés,
Je dis que les forfaits dont ils se sont souillés
Ont pour point de départ ce qui n’est pas leur faute,
Pouvaient-ils s’éclairer du flambeau qu’on leur ôte?
Ils sont les malheureux et non les ennemis.
Le premier crime fut sur eux-mêmes commis,
On a de la pensée éteint en eux la flamme:
Et la société leur a volé leur âme.

Victor Hugo
Mon Eriba, j'en suis gaga !
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

:super:
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Victor HUGO
1802 - 1885
Le firmament est plein de la vaste clarté

Le firmament est plein de la vaste clarté ;
Tout est joie, innocence, espoir, bonheur, bonté.
Le beau lac brille au fond du vallon qui le mure ;
Le champ sera fécond, la vigne sera mûre ;
Tout regorge de sève et de vie et de bruit,
De rameaux verts, d'azur frissonnant, d'eau qui luit,
Et de petits oiseaux qui se cherchent querelle.
Qu'a donc le papillon ? qu'a donc la sauterelle ?
La sauterelle à l'herbe, et le papillon l'air;
Et tous deux ont avril, qui rit dans le ciel clair.
Un refrain joyeux sort de la nature entière;
Chanson qui doucement monte et devient prière.
Le poussin court, l'enfant joue et danse, l'agneau
Saute, et, laissant tomber goutte à goutte son eau,
Le vieux antre, attendri, pleure comme un visage ;
Le vent lit à quelqu'un d'invisible un passage
Du poëme inouï de la création ;
L'oiseau parle au parfum; la fleur parle au rayon ;
Les pins sur les étangs dressent leur verte ombelle ;
Les nids ont chaud ; l'azur trouve la terre belle,
Onde et sphère, à la fois tous les climats flottants ;
Ici l'automne, ici l'été ; là le printemps.
O coteaux ! ô sillons ! souffles, soupirs, haleines !
L'hosanna des forêts, des fleuves et des plaines,
S'élève gravement vers Dieu, père du jour;
Et toutes les blancheurs sont des strophes d'amour ;
Le cygne dit: Lumière! et le lys dit: Clémence
Le ciel s'ouvre à ce chant comme une oreille immense.
Le soir vient ; et le globe à son tour s'éblouit,
Devient un oeil énorme et regarde la nuit ;
Il savoure, éperdu, l'immensité sacrée,
La contemplation du splendide empyrée,
Les nuages de crêpe et d'argent, le zénith,
Qui, formidable, brille et flamboie et bénit,
Les constellations, ces hydres étoilées,
Les effluves du sombre et du profond, mêlées
A vos effusions, astres de diamant,
Et toute l'ombre avec tout le rayonnement !
L'infini tout entier d'extase se soulève.
Et, pendant ce temps-là, Satan, l'envieux, rêve.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Victor HUGO
1802 - 1885
Les tronçons du serpent

D'ailleurs les sages ont dit : Il ne faut point attacher
son coeur aux choses passagères.
SADI, Gulistan.


Je veille, et nuit et jour mon front rêve enflammé,
Ma joue en pleurs ruisselle,
Depuis qu'Albaydé dans la tombe a fermé
Ses beaux yeux de gazelle.

Car elle avait quinze ans, un sourire ingénu,
Et m'aimait sans mélange,
Et quand elle croisait ses bras sur son sein nu,
On croyait voir un ange !

Un jour, pensif, j'errais au bord d'un golfe, ouvert
Entre deux promontoires,
Et je vis sur le sable un serpent jaune et vert,
Jaspé de taches noires.

La hache en vingt tronçons avait coupé vivant
Son corps que l'onde arrose,
Et l'écume des mers que lui jetait le vent
Sur son sang flottait rose.

Tous ses anneaux vermeils rampaient en se tordant
Sur la grève isolée,,
Et le sang empourprait d'un rouge plus ardent
Sa crête dentelée.

Ces tronçons déchirés, épars, près d'épuiser
Leurs forces languissantes,
Se cherchaient, se cherchaient, comme pour un baiser
Deux bouches frémissantes !

Et comme je rêvais, triste et suppliant Dieu
Dans ma pitié muette,
La tête aux mille dents rouvrit son oeil de feu,
Et me dit : " Ô poète !

" Ne plains que toi ! ton mal est plus envenimé,
" Ta plaie est plus cruelle ;
" Car ton Albaydé dans la tombe a fermé
" Ses beaux yeux de gazelle.

" Ce coup de hache aussi brise ton jeune essor.
" Ta vie et tes pensées
" Autour d'un souvenir, chaste et dernier trésor,
" Se traînent dispersées.

" Ton génie au vol large, éclatant, gracieux,
" Qui, mieux que l'hirondelle,
" Tantôt rasait la terre et tantôt dans les cieux
" Donnait de grands coups d'aile,

" Comme moi maintenant, meurt près des flots troublés ;
" Et ses forces s'éteignent,
" Sans pouvoir réunir ses tronçons mutilés
" Qui rampent et qui saignent. "
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
Ddu01
Messages : 1184
Enregistré le : sam. 4 mars 2017 18:39
Modèle de caravane : ERIBA TRITON GT 418 tractée par SUBARU FORESTER
prénom : Danielle et Michel
Localisation : AIN
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par Ddu01 »

PAUL ELUARD
Capitale de la douleur

A genoux la jeunesse à genoux la colère
L'insulte saigne menace ruines
les caprices n'ont plus leur couronne de fous
Vivent patiemment dans le pays de tous.

Le chemin de la mort dangereuse est barré
Par des funérailles superbes
L'épouvante est polie la misère à des charmes
Et l'amour prête à rire aux innocents obèses.

Agréments naturels éléments en musique
Virginités de boue artifices de singe
Respectable fatigue honorable laideur
Travaux délicieux où l'oubli se repaît.

La souffrance est là par hasard
Et nous sommes le sol sur quoi tout est bâti
Et nous sommes partout
Où se lève le ciel des autres

Partout où le refus de vivre est inutile.
« Veux-tu être heureux ? Donne du bonheur… » (Saint-Exupéry)
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

L’aube je t’aime
Paul ÉLUARD


L’aube je t’aime j’ai toute la nuit dans les veines
Toute la nuit je t’ai regardée
J’ai tout à deviner je suis sûr des ténèbres
Elles me donnent le pouvoir
De t’envelopper
De t’agiter désir de vivre
Au sein de mon immobilité
Le pouvoir de te révéler
De te libérer de te perdre
Flamme invisible dans le jour.

Si tu t’en vas la porte s’ouvre sur le jour
Si tu t’en vas la porte s’ouvre sur moi-même.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Victor HUGO
1802 - 1885
Le crucifix

[...] La flagellation du Christ n'est pas finie.
Tout ce qu'il a souffert dans sa lente agonie,
Au mont des Oliviers et dans les carrefours,
Sous la croix, sur la croix, il le souffre toujours.
Après le Golgotha, Jésus, ouvrant son aile,
A beau s'être envolé dans l'aurore éternelle,
Il a beau resplendir, superbe et gracieux,
Dans la tranquillité sidérale des cieux,
Dans la gloire, parmi les archanges solaires,
Au-dessus des douleurs, au-dessus des colères,
Au-dessus du nuage âpre et confus des jours ;
Chaque fois que sur terre et dans nos temples sourds
Et dans nos vils palais, des docteurs et des scribes
Versent sur l'innocent leurs lâches diatribes,
Chaque fois que celui qui doit enseigner, ment,
Chaque fois que d'un traître il jaillit un serment,
Chaque fois que le juge, après une prière,
Jette au peuple ce mot : Justice ! et, par derrière,
Tend une main hideuse à l'or mystérieux,
Chaque fois que le prêtre, époussetant ses dieux,
Chante au crime hosanna, bat des mains aux désastres,
Et dit : gloire à César ! là-haut, parmi les astres,
Dans l'azur qu'aucun souffle orageux ne corrompt,
Christ frémissant essuie un crachat sur son front.

- Torquemada, j'entends le bruit de ta cognée ;
Tes bras sont nus, ta face est de sueur baignée ;
A quoi travailles-tu seul dans ton noir sentier ? -
Torquemada répond : - Je suis le charpentier
Et j'ai la hache au poing dans ce monde où nous sommes.
- Qu'est-ce donc que tu fais ? - Un bûcher pour les hommes.
- Avec quel bois ? - Avec la croix de Jésus-Christ. -
[...]
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Rémy BELLEAU
1528 - 1577
La Cygalle

O que nous t'estimons heureuse,
Gentille Cygale amoureuse,
Car aussi tost que tu as beu
Dessus les arbrisseaux un peu
De la rosée, aussi contente
Qu'est une princesse puissante,
Tu fais de ta doucette vois
Tressaillir les monz et les bois.

Tout ce qu'aporte la campagne,
Tout ce qu'aporte la montagne,
Est de ton propre. Au laboureur
Tu plais sur-tout, car son labeur
N'offences ni portes dommage
N'à luy, ni à son labourage.
Tout homme estime ta bonté,
Douce prophette de l'été.

La Muse t'aime, et t'aime aussi
Apollon, qui t'a fait ainsi
Doucement chanter. La vieillesse
Comme nous jamais ne te blesse,

O sage, o fille terre-née,
Aime-chansons, passionnée
Qui ne fus onc d'affection,
Franche de toute passion,
Sans estre de sang ni de chair,
Presque semblable à Jupiter.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Arthur RIMBAUD
1854 - 1891
Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Émile VERHAEREN
1855 - 1916
Le vent

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.

Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.

Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Un peu osé mais si bien dit

Isaac de BENSERADE
1613 - 1691
Madame, je vous donne un oiseau pour étrenne
Sonnet

Madame, je vous donne un oiseau pour étrenne
Duquel on ne saurait estimer la valeur ;
S'il vous vient quelque ennui, maladie ou douleur,
Il vous rendra soudain à votre aise et bien saine.

Il n'est mal d'estomac, colique ni migraine
Qu'il ne puisse guérir, mais sur tout il a l'heur
Que contre l'accident de la pâle couleur
Il porte avecque soi la drogue souveraine.

Une dame le vit dans ma main, l'autre jour
Qui me dit que c'était un perroquet d'amour,
Et dès lors m'en offrit bon nombre de monnoie

Des autres perroquets il diffère pourtant :
Car eux fuient la cage, et lui, il l'aime tant
Qu'il n'y est jamais mis qu'il n'en pleure de joie.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Émile VERHAEREN
1855 - 1916
Vous m'avez dit, tel soir...

Vous m'avez dit, tel soir, des paroles si belles
Que sans doute les fleurs, qui se penchaient vers nous,
Soudain nous ont aimés et que l'une d'entre elles,
Pour nous toucher tous deux, tomba sur nos genoux.

Vous me parliez des temps prochains où nos années,
Comme des fruits trop mûrs, se laisseraient cueillir ;
Comment éclaterait le glas des destinées,
Comment on s'aimerait, en se sentant vieillir.

Votre voix m'enlaçait comme une chère étreinte,
Et votre coeur brûlait si tranquillement beau
Qu'en ce moment, j'aurais pu voir s'ouvrir sans crainte
Les tortueux chemins qui vont vers le tombeau.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Anatole FRANCE
1844 - 1924
Le captif

Il est, non loin des tièdes syrtes
Où bleuit la mer en repos,
Un bois d'orangers et de myrtes
Dont n'approchent point les troupeaux.

Là, sous l'ombre antique d'un arbre,
Un satyre, ouvrage divin,
Sourit dans sa gaine de marbre,
Comme réjoui par le vin.

Il a des oreilles aiguës
Que dresse un frémissement prompt ;
De jeunes cornes invaincues
Reluisent sur son mâle front ;

On voit que ses larges narines
Portent à ses heureux esprits
La fraîcheur des brises marines
Et les parfums des bois fleuris ;

Les coins soulevés de ses lèvres
Rappellent le falerne bu ;
Deux glandes, comme en ont les chèvres,
Pendent sous son menton barbu.

Captif du socle pentélique,
Languit un triste adolescent
Le dieu, de son regard oblique,
Lui verse un rayon caressant.

Mais lui, l'enfant aux ailes blanches,
Lève, des yeux brillants de pleurs,
A cause de ses molles hanches,
De ses bras liés par des fleurs.

Les larmes sur sa belle joue,
Mouillent sa chevelure d'or.
Parfois ses ailes qu'il secoue
Méditent l'impossible essor.

Et tant que le soleil éclaire
Le bois chaste et silencieux,
Les fiers desseins et la colère
Enflamment ses humides yeux.

Mais quand vient l'ombre transparente
Ramener les Nymphes en choeur,
Il rit, et sa chaîne odorante
Enivre doucement son coeur.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Clément MAROT
1497 - 1544
Secourez-moi, ma Dame par amours

Secourez-moi, ma Dame par amours,
Ou autrement la Mort me vient quérir.
Autre que vous ne peut donner secours
A mon las coeur, lequel s'en va mourir.
Hélas, hélas, veuillez donc secourir
Celui qui vit pour vous en grand détresse,
Car de son coeur vous êtes la maîtresse.

Si par aimer, et souffrir nuits et jours,
L'ami dessert ce qu'il vient requérir,
Dites pourquoi faites si longs séjours
A me donner ce que tant veux chérir ?
O noble fleur, laisserez-vous périr
Votre servant, par faute de liesse ?
Je crois qu'en vous n'a point tant de rudesse.

Votre rigueur me fit plusieurs détours,
Quand au premier je vous vins requérir :
Mais Bel Accueil m'a fait d'assez bons tours,
En me laissant maint baiser conquérir.
Las, vos baisers ne me savent guérir,
Mais vont croissant l'ardent feu qui me presse :
Jouissance est ma médecine expresse.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Jean MORÉAS
1856 - 1910
Mélancolique mer que je ne connais pas...

Mélancolique mer que je ne connais pas,
Tu vas m'envelopper dans ta brume légère
Sur ton sable mouillé je marquerai mes pas,
Et j'oublierai soudain et la ville et la terre.

Ô mer, ô tristes flots, saurez-vous, dans vos bruits
Qui viendront expirer sur les sables sauvages,
Bercer jusqu'à la mort mon coeur, et ses ennuis
Qui ne se plaisent plus qu'aux beautés des naufrages ?
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

er
Sybille Rembard

Renaissance
De nouveau tu te présentes
Jardin juxtaposé, trouble de la sève
T’emparer du corps
Du cerveau au thorax tu veux scanner son esprit
Les larmes coulent sur le visage d’une femme
Elle sait
Elle connaît la vérité de la solitude
Elle respire la décadence
Imminente
Elle crie son amour
Tentacules méprisants s’entortillant autours des ganglions
Sans pitié tu convoites tout l’être
Il t’attend depuis toujours
Depuis le jour où tu es parti avec son odorat
Ne lui laissant plus absorber le parfum du monde
Rendant chaque jour immanquablement le dernier

Sybille Rembard, 2009


11. A chaque mot un pas vers le retour à la vie
10. A chaque pas reprendre un appui solide pour avancer doucement
9. Passer de l’impatience à la patience de vivre
9. bis. Traverser la douleur plutôt que de se laisser traverser
8. A pieds fermes ou hésitants – vers la guérison
7. Se souvenir: savoir recommencer à mieux respirer
6. Souvent difficile de progresser. Et pourtant !
5. Tirer la vie vers soi
4. Si près, si loin
3. Concentrer ses forces
2. Bientôt fini !
1. Horizons
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Émile VERHAEREN
1855 - 1916
L'Est, l'Ouest, le Sud, le Nord

Quand tu marches, le pas rythmé, le long des champs,
Aime à nommer pour te plaire à toi-même
Le sud, l'ouest, l'est, le nord,
Mots clairs et doux, mots terribles et forts,
Qui décorent les beaux poèmes.

Qu'ils t'évoquent les bois, les monts et le soleil ;
Qu'ils t'évoquent la mer et le grand port vermeil
Illuminant là-bas les confins de la terre ;
Qu'ils t'évoquent la brousse et les déserts de feu
Et le minaret blanc sur le ciel rouge et bleu
Ou le gel coruscant des montagnes polaires.

Au mois d'avril, au mois de mai,
Le bras ballant, le pas rythmé,
Aime à dire et à redire, pour t'y complaire,
Leurs syllabes autoritaires.

Aux jours d'été, quand midi bout,
Ils sont pareils à quatre aigles qui, tout à coup
Battent l'espace avec de grands vols fous
Et voyagent dans les nuages.
Aux jours d'été, ils sont pareils encor
A des boules d'argent et d'or
Qui dessinent des monts et des vallées,
Immensément, dans les moissons bariolées.
Ils sont aussi les cavaliers du vieil hiver
Qui chevauchent l'averse et fouettent la bourrasque.

Le givre les habille et le brouillard les masque.
Qu'ils s'élancent soit de la plaine ou de la mer,
Dieu sait vers quelle immense et formidable joute,
Ils ravagent les carrefours
Et les villages et les bourgs,
Et les arbres qui font le tour
De l'infini, le long des routes.

Quand tu t'en vas le long d'un champ,
Scande pour toi leurs noms puissants.

Ainsi, la marche alerte et la chanson rapide
Qui célèbrent l'Est, l'Ouest et le Sud et le Nord
Les feront comme entrer dans la chair de ton corps,
Avec leur souffle ardent et leur vol intrépide.
Peut-être ils te diront l'astre qu'ils ont frôlé
Au delà de l'éther où vivent d'autres mondes,
Et Persée et Vénus palpitante et féconde,
Et la Lyre debout sur l'abîme étoilé,
Et la Vierge et Véga et le Lion et l'Ourse,
Tu sentiras alors ton être impétueux
Trouver sa loi dans l'ordre et la splendeur des cieux
Et ton rêve régler son élan et sa course
Sur le cortège d'or des étoiles, là-haut,
Et ta force grandir et tes pensers sans nombre
Laisser choir peu à peu et leur poids et leur ombre
Et l'immensité claire entrer en ton cerveau.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Albert SAMAIN
1858 - 1900
Lentement, doucement, ...

Lentement, doucement, de peur qu’elle se brise,
Prendre une âme ; écouter ses plus secrets aveux,
En silence, comme on caresse des cheveux ;
Atteindre à la douceur fluide de la brise ;

Dans l’ombre, un soir d’orage, où la chair s’électrise,
Promener des doigts d’or sur le clavier nerveux ;
Baisser l’éclat des voix ; calmer l’ardeur des feux ;
Exalter la couleur rose à la couleur grise ;

Essayer des accords de mots mystérieux
Doux comme le baiser de la paupière aux yeux ;
Faire ondoyer des chairs d’or pâle dans les brumes ;

Et, dans l’âme que gonfle un immense soupir
Laisser, en s’en allant, comme le souvenir
D’un grand cygne de neige aux longues, longues plumes.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Répondre

Retourner vers « Autres choses... »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 4 invités