Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Sujets "Out of Eriba" : hobbies, détente, humour, divers ...
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Le Héron, la Fille (Le Héron a été appris à l'école mais pas la fille qui en est la suite annoncée par les deux derniers vers du héron )

Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où,
Le Héron au long bec emmanché d'un long cou.
Il côtoyait une rivière.
L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ;
Ma commère la carpe y faisait mille tours
Avec le brochet son compère.
Le Héron en eût fait aisément son profit :
Tous approchaient du bord, l'oiseau n'avait qu'à prendre ;
Mais il crut mieux faire d'attendre
Qu'il eût un peu plus d'appétit.
Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
Après quelques moments l'appétit vint : l'oiseau
S'approchant du bord vit sur l'eau
Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux
Et montrait un goût dédaigneux
Comme le rat du bon Horace.
Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse
Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?
La Tanche rebutée il trouva du goujon.
Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un Héron !
J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !
Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu'il ne vit plus aucun poisson.
La faim le prit, il fut tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon.
Ne soyons pas si difficiles :
Les plus accommodants ce sont les plus habiles :
On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner ;
Surtout quand vous avez à peu près votre compte.
Bien des gens y sont pris ; ce n'est pas aux Hérons
Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ;
Vous verrez que chez vous j'ai puisé ces leçons.

Certaine fille un peu trop fière
Prétendait trouver un mari
Jeune, bien fait et beau, d'agréable manière.
Point froid et point jaloux ; notez ces deux points-ci.
Cette fille voulait aussi
Qu'il eût du bien, de la naissance,
De l'esprit, enfin tout. Mais qui peut tout avoir ?
Le destin se montra soigneux de la pourvoir :
Il vint des partis d'importance.
La belle les trouva trop chétifs de moitié.
Quoi moi ? quoi ces gens-là ? l'on radote, je pense.
À moi les proposer ! hélas ils font pitié.
Voyez un peu la belle espèce !
L'un n'avait en l'esprit nulle délicatesse ;
L'autre avait le nez fait de cette façon-là ;
C'était ceci, c'était cela,
C'était tout ; car les précieuses
Font dessus tous les dédaigneuses.
Après les bons partis, les médiocres gens
Vinrent se mettre sur les rangs.
Elle de se moquer. Ah vraiment je suis bonne
De leur ouvrir la porte : Ils pensent que je suis
Fort en peine de ma personne.
Grâce à Dieu, je passe les nuits
Sans chagrin, quoique en solitude.
La belle se sut gré de tous ces sentiments.
L'âge la fit déchoir : adieu tous les amants.
Un an se passe et deux avec inquiétude.
Le chagrin vient ensuite : elle sent chaque jour
Déloger quelques Ris, quelques jeux, puis l'amour ;
Puis ses traits choquer et déplaire ;
Puis cent sortes de fards. Ses soins ne purent faire
Qu'elle échappât au temps cet insigne larron :
Les ruines d'une maison
Se peuvent réparer ; que n'est cet avantage
Pour les ruines du visage !
Sa préciosité changea lors de langage.
Son miroir lui disait : Prenez vite un mari.
Je ne sais quel désir le lui disait aussi ;
Le désir peut loger chez une précieuse.
Celle-ci fit un choix qu'on n'aurait jamais cru,
Se trouvant à la fin tout aise et tout heureuse
De rencontrer un malotru.


Jean de la Fontaine
Les Fables VII
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
JeanYvon
Messages : 773
Enregistré le : mar. 2 mars 2010 03:29
Modèle de caravane : Triton BST 1989 Le millésime à bande rouge
prénom : JY
Localisation : 69 dans la vallée de la Loire
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par JeanYvon »

"Ils sont trop vert dit-il et bon pour les gougeât"
En tout bien tout honneur nous en resterons là!...
et en plus ça ne fait pas grossir :gene3:
Image
Avatar du membre
Christophe
Messages : 4758
Enregistré le : mer. 2 janv. 2008 15:21
Modèle de caravane : ce fut une Puck 1981 puis Puck 1983
prénom : Christophe Véro
Localisation : 91 - 61

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par Christophe »

France, mère des arts, des armes et des lois

Joachim DU BELLAY

"Les Regrets"

France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.

Si tu m’as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.

Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine,
Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine
D’une tremblante horreur fait hérisser ma peau.

Las, tes autres agneaux n’ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
"Parfois détruire, souvent construire, mais toujours servir."Image
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Premier sourire de printemps
Théophile Gautier

Tandis qu’à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.

Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
II repasse des collerettes
Et cisèle des boutons-d’or.

Dans le verger et dans la vigne,
II s’en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l’amandier.

La nature au lit se repose ;
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.

Tout en composant des solfèges
Qu’aux merles il siffle à mi-voix,
II sème aux prés les perce-neige
Et les violettes au bois.

Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l’oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d’argent du muguet.

Sous l’herbe, pour que tu la cueilles,
II met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.

Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d’avril tournant la tête,
II dit : « Printemps, tu peux venir ! »
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
LANDERIBA
Messages : 17488
Enregistré le : sam. 1 nov. 2008 13:37
Modèle de caravane : Familia de 1992 + Defender 110 de 1998. Land 109 de 1972.
prénom : J-Pierre + Marie-Thé
Localisation : Centre Bretagne Pontivy Morbihan
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par LANDERIBA »

:hello:

Rien de nouveau sous soleil, hein chef !!!
C'est ....MAINTENANT, comme au 16ème siècle :

Joachim DU BELLAY
"Les Regrets"

Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon œil
Ces vieux singes de cour, qui ne savent rien faire,
Sinon en leur marcher les princes contrefaire,
Et se vêtir, comme eux, d’un pompeux appareil.

Si leur maître se moque, ils feront le pareil,
S’il ment, ce ne sont eux qui diront du contraire,
Plutôt auront-ils vu, afin de lui complaire,
La lune en plein midi, à minuit le soleil.

Si quelqu’un devant eux reçoit un bon visage,
Es le vont caresser, bien qu’ils crèvent de rage
S’il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt.

Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dépite,
C’est quand devant le roi, d’un visage hypocrite,
Ils se prennent à rire, et ne savent pourquoi.
BZH : Bienvenue en Zone Humide Image
Vieillir, c'est la seule façon de vivre longtemps............
Avatar du membre
forumeribatouring
Administrateur du site
Messages : 8235
Enregistré le : dim. 23 déc. 2007 18:07
Modèle de caravane : ERIBA
Localisation : FRANCE
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par forumeribatouring »

:ghee: ........ :mrgreen:

Ça me dit qqch ;-)
Image Salutations, Eribamaniacs de tous pays...................................Image 06.08.33.15.40
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Anatole FRANCE

Le chêne abandonné

Dans la tiède forêt que baigne un jour vermeil,
Le grand chêne noueux, le père de la race,
Penche sur le coteau sa rugueuse cuirasse
Et, solitaire aïeul, se réchauffe au soleil.

Du fumier de ses fils étouffés sous son ombre,
Robuste, il a nourri ses siècles florissants,
Fait bouillonner la sève en ses membres puissants,
Et respiré le ciel avec sa tête sombre.

Mais ses plus fiers rameaux sont morts, squelettes noirs
Sinistrement dressés sur sa couronne verte ;
Et dans la profondeur de sa poitrine ouverte
Les larves ont creusé de vastes entonnoirs.

La sève du printemps vient irriter l'ulcère
Que suinte la torpeur de ses âcres tissus.
Tout un monde pullule en ses membres moussus,
Et le fauve lichen de sa rouille l'enserre.

Sans cesse un bois inerte et qui vécut en lui
Se brise sur son corps et tombe. Un vent d'orage
Peut finir de sa mort le séculaire ouvrage,
Et peut-être qu'il doit s'écrouler aujourd'hui.

Car déjà la chenille aux anneaux d'émeraude
Déserte lentement son feuillage peu sûr ;
D'insectes soulevant leurs élytres d'azur
Tout un peuple inquiet sur son écorce rôde ;

Dès hier, un essaim d'abeilles a quitté
Sa demeure d'argile aux branches suspendue ;
Ce matin, les frelons, colonie éperdue,
Sous d'autres pieds rameux transportaient leur cité ;

Un lézard, sur le tronc, au bord d'une fissure,
Darde sa tête aiguë, observe, hésite, et fuit ;
Et voici qu'inondant l'arbre glacé, la nuit
Vient hâter sur sa chair la pâle moisissure.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Le Rat de ville et le Rat des champs

Autrefois le Rat de ville
Invita le Rat des champs,
D'une façon fort civile,
A des reliefs d'Ortolans.

Sur un Tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.

Le régal fut fort honnête,
Rien ne manquait au festin ;
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.

A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit :
Le Rat de ville détale ;
Son camarade le suit.

Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitôt ;
Et le citadin de dire :
Achevons tout notre rôt.

- C'est assez, dit le rustique ;
Demain vous viendrez chez moi :
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de Roi ;

Mais rien ne vient m'interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre.

Jean de la Fontaine - Les Fables
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Liberté
Paul Eluard



Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

Paul Eluard
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Les saltimbanques
Guillaume Apollinaire

Dans la plaine les baladins
S’éloignent au long des jardins
Devant l’huis des auberges grises
Par les villages sans églises.

Et les enfants s’en vont devant
Les autres suivent en rêvant
Chaque arbre fruitier se résigne
Quand de très loin ils lui font signe.

Ils ont des poids ronds ou carrés
Des tambours, des cerceaux dorés
L’ours et le singe, animaux sages
Quêtent des sous sur leur passage.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Un chien de Jean L’Anselme

Un chien mourait doucement
Son regard ne parlait rien d’autre
Que d’une chose infinie incompréhensible
Comme une mélancolie
On le soigna pour les reins et pour le foie
Et pour les poumons et pour l’intestin
Et pour les pieds et pour la tête
Et on lui opéra même le regard
On sut trop tard qu’il attendait son maître
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Ceci n'est pas un poème mais nous l'avons tous vu à l'école

Alphonse Daudet

LE SECRET DE MAITRE CORNILLE

Francet Mamaï, un vieux joueur de fifre, qui vient de temps en temps faire la veillée chez moi, en buvant du vin cuit, m’a raconté l’autre soir un petit drame de village dont mon moulin a été témoin il y a quelque vingt ans. Le récit du bonhomme m’a touché, et je vais essayer de vous le redire tel que je l’ai entendu.
Imaginez-vous pour un moment, chers lecteurs, que vous êtes assis devant un pot de vin tout parfumé, et que c’est un vieux joueur de fifre qui vous parle.
_

Notre pays, mon bon monsieur n’a pas toujours été un endroit mort et sans renom, comme il est aujourd’hui. Autre temps, il s’y faisait un grand commerce de meunerie, et, dix lieues à la ronde, les gens des mas nous apportaient leur blé à moudre... Tout autour du village, les collines étaient couvertes de moulins à vent. De droite et de gauche, on ne voyait que des ailes qui viraient au mistral par-dessus les pins, des ribambelles de petits ânes chargés de sacs, montant et dévalant le long des chemins ; et toute la semaine c’était plaisir d’entendre sur la hauteur le bruit des fouets, le craquement de la toile et le Dia hue ! des aides-meuniers... Le dimanche nous allions aux moulins, par bandes. Là-haut, les meuniers payaient le muscat. Les meunières étaient belles comme des reines, avec leurs fichus de dentelles et leurs croix d’or. Moi, j’apportais mon fifre, et jusqu’à la noire nuit on dansait des farandoles. Ces moulins-là, voyez-vous, faisaient la joie et la richesse de notre pays. Malheureusement, des Français de Paris eurent l’idée d’établir une minoterie à vapeur, sur la route de Tarascon.

Tout beau, tout nouveau ! Les gens prirent l’habitude d’envoyer leurs blés aux minotiers, et les pauvres moulins à vent restèrent sans ouvrage. Pendant quelque temps ils essayèrent de lutter, mais la vapeur fut la plus forte, et l’un après l’autre, pécaïre ! ils furent tous obligés de fermer.. On ne vit plus venir les petits ânes... Les belles meunières vendirent leurs croix d’or... Plus de muscat ! Plus de farandole !... Le mistral avait beau souffler, les ailes restaient immobiles... Puis, un beau jour la commune fit jeter toutes ces masures à bas, et l’on sema à leur place de la vigne et des oliviers. Pourtant, au milieu de la débâcle, un moulin avait tenu bon et continuait de virer courageusement sur sa butte, à la barbe des minotiers. C’était le moulin de maître Cornille, celui-là même où nous sommes en train de faire la veillée en ce moment.

Maître Cornille était un vieux meunier vivant depuis soixante ans dans la farine et enragé pour son état. L’installation des minoteries l’avait rendu comme fou. Pendant huit jours, on le vit courir par le village, ameutant tout le monde autour de lui et criant de toutes ses forces qu’on voulait empoisonner la Provence avec la farine des minotiers. “ N’allez pas là-bas, disait-il ; ces brigands-là, pour faire le pain, se servent de la vapeur qui est une invention du diable, tandis que moi, je travaille avec le mistral et la tramontane, qui sont la respiration du bon Dieu... ” Et il trouvait comme cela une foule de belles paroles à la louange des moulins à vent, mais personne ne les écoutait. Alors, de male rage, le vieux s’enferma dans son moulin et vécut tout seul comme une bête farouche. Il ne voulut pas même garder près de lui sa petite-fille Vivette, une enfant de quinze ans, qui, depuis la mort de ses parents, n’avait plus que son grand au monde. La pauvre petite fut obligée de gagner sa vie et de se louer un peu partout dans les mas, pour la moisson, les magnans ou les olivades. Et pourtant son grand-père avait l’air de bien l’aimer, cette enfant-là. Il lui arrivait souvent de faire ses quatre lieues à pied par le grand soleil pour aller la voir au mas où elle travaillait, et quand il était près d’elle, il passait des heures entières à la regarder en pleurant...

Dans le pays on pensait que le vieux meunier, en renvoyant Vivette, avait agi par avarice ; et cela ne lui faisait pas honneur de laisser sa petite-fille ainsi traîner d’une ferme à l’autre, exposée aux brutalités des baïles, et à toutes les misères des jeunesses en condition. On trouvait très mal aussi qu’un homme du renom de maître Cornille, et qui, jusque-là, s’était respecté, s’en allât maintenant par les rues comme un vrai bohémien, pieds nus, le bonnet troué, la taillole en lambeaux... Le fait est que le dimanche, lorsque nous le voyions entrer à la messe, nous avions honte pour lui, nous autres les vieux ; et Cornille le sentait si bien qu’il n’osait plus venir s’asseoir sur le banc d’oeuvre.

Toujours il restait au fond de l’église, près du bénitier, avec les pauvres. Dans la vie de maître Cornille il y avait quelque chose qui n’était pas clair. Depuis longtemps personne, au village, ne lui portait plus de blé, et pourtant les ailes de son moulin allaient toujours leur train comme devant... Le soir, on rencontrait par les chemins le vieux meunier poussant devant lui son âne chargé de gros sacs de farine.

- Bonnes vêpres, maître Cornille ! lui criaient les paysans ; ça va donc toujours, la meunerie ?

- Toujours, mes enfants, répondait le vieux d’un air gaillard. Dieu merci, ce n’est pas l’ouvrage qui nous manque.
Alors, si on lui demandait d’où diable pouvait venir tant d’ouvrage, il se mettait un doigt sur les lèvres et répondait gravemement : “ Motus ! je travaille pour l’exportation... ” Jamais on n’en put tirer davantage. Quant à mettre le nez dans son moulin, il n’y fallait pas songer. La petite Vivette elle-même n’y entrait pas...

Lorsqu’on passait devant, on voyait la porte toujours fermée, les grosses ailes toujours en mouvement, le vieil âne broutant le gazon de la plate-forme, et un grand chat maigre qui prenait le soleil sur le rebord de la fenêtre et vous regardait d’un air méchant. Tout cela sentait le mystère et faisait beaucoup jaser le monde. Chacun expliquait à sa façon le secret de maître Cornille, mais le bruit général était qu’il y avait dans ce moulin-là encore plus de sacs d’écus que de sacs de farine.

À la longue pourtant tout se découvrit ; voici comment : En faisant danser la jeunesse avec mon fifre, je m’aperçus un beau jour que l’aîné de mes garçons et la petite Vivette s’étaient rendus amoureux l’un de l’autre. Au fond je n’en fus pas fâché, parce qu’après tout le nom de Cornille était en honneur chez nous, et puis ce joli petit passereau de Vivette m’aurait fait plaisir à voir trotter dans ma maison. Seulement, comme nos amoureux avaient souvent occasion d’être ensemble, je voulus, de peur d’accidents, régler l’affaire tout de suite, et je montai jusqu’au moulin pour en toucher deux mots au grand-père... Ah ! le vieux sorcier ! il faut voir de quelle manière il me reçut ! Impossible de lui faire ouvrir sa porte. Je lui expliquai mes raisons tant bien que mal, à travers le trou de la serrure ; et tout le temps que je parlais, il y avait ce coquin de chat maigre qui soufflait comme un diable au-dessus de ma tête.

Le vieux ne me donna pas le temps de finir, et me cria fort malhonnêtement de retourner à ma flûte ; que, si j’étais pressé de marier mon garçon, je pouvais bien aller chercher des filles à la minoterie... Pensez que le sang me montait d’entendre ces mauvaises paroles ; mais j’eus tout de même assez de sagesse pour me contenir et, laissant ce vieux fou à sa meule, je revins annoncer aux enfants ma déconvenue... Ces pauvres agneaux ne pouvaient pas y croire ; ils me demandèrent comme une grâce de monter tous deux ensemble au moulin, pour parler au grand père... Je n’eus pas le courage de refuser, et pfft ! voilà mes amoureux partis.

Tout juste comme ils arrivaient là-haut, maître Cornille venait de sortir. La porte était fermée à double tour ; mais le vieux bonhomme, en partant, avait laissé son échelle dehors, et tout de suite l’idée vint aux enfants d’entrer par la fenêtre, voir un peu ce qu’il y avait dans ce fameux moulin... Chose singulière ! la chambre de la meule était vide...
Pas un sac, pas un grain de blé ; pas la moindre farine aux murs ni sur les toiles d’araignée... On ne sentait pas même cette bonne odeur chaude de froment écrasé qui embaume dans les moulins... l’arbre de couche était couvert de poussière, et le grand chat maigre dormait dessus.
La pièce du bas avait le même air de misère et d’abandon : un mauvais lit, quelques guenilles, un morceau de pain sur une marche d’escalier, et puis dans un coin trois ou quatre sacs crevés d’où coulaient des gravats et de la terre blanche.

C’était là le secret de maître Cornille ! C’était ce plâtras qu’il promenait le soir par les routes, pour sauver l’honneur du moulin et faire croire qu’on y faisait de la farine...

Pauvre moulin ! Pauvre Cornille ! Depuis longtemps les minotiers leur avaient enlevé leur dernière pratique. Les ailes viraient toujours, mais la meule tournait à vide.

Les enfants revinrent tout en larmes, me conter ce qu’ils avaient vu. J’eus le coeur crevé de les entendre... Sans perdre une minute, je courus chez les voisins, je leur dis la chose en deux mots, et nous convînmes qu’il fallait, sur l’heure, porter au moulin de Cornille tout ce qu’il y avait de froment dans les maisons... Sitôt dit, sitôt fait. Tout le village se met en route, et nous arrivons là-haut avec une procession d’ânes chargés de blé -, du vrai blé, celui-là ! Le moulin était grand ouvert... Devant la porte, maître Cornille, assis sur un sac de plâtre, pleurait, la tête dans ses mains. il venait de s’apercevoir, en rentrant, que pendant son absence on avait pénétré chez lui et surpris son triste secret.

- Pauvre de moi ! disait-il. Maintenant, je n’ai plus qu’à mourir... Le moulin est déshonoré.
Et il sanglotait à fendre l’âme, appelant son moulin par toutes sortes de noms, lui parlant comme à une personne véritable. _

À ce moment les ânes arrivent sur la plate-forme, et nous nous mettons tous à crier bien fort comme au beau temps des meuniers :
- Ohé ! du moulin !... Ohé ! maître Cornille !
Et voilà les sacs qui s’entassent devant la porte et le beau grain roux qui se répand par terre, de tous côtés...
Maître Cornille ouvrait de grands yeux. Il avait pris du blé dans le creux de sa vieille main et il disait, riant et pleurant à la fois :
- C’est du blé !... Seigneur Dieu !... Du bon blé ! Laissez-moi que je le regarde. Puis se tournant vers nous :

- Ah ! je savais bien que vous me reviendriez... Tous ces minotiers sont des voleurs.
nous voulions l’emporter en triomphe au village :

- Non, non, mes enfants ; il faut avant tout que j’aille donner à manger à mon moulin... Pensez donc ! il y a si longtemps qu’il ne s’est rien mis sous la dent ! Et nous avions tous des larmes dans les yeux de voir le pauvre vieux se démener de droite et de gauche, éventrant les sacs, surveillant la meule, tandis que le grain s’écrasait et que la fine poussière de froment s’envolait au plafond.
C’est une justice à nous rendre : à partir de ce jour-là, jamais nous ne laissâmes le vieux meunier manquer d’ouvrage. Puis, un matin, maître Cornille mourut, et les ailes de notre dernier moulin cessèrent de virer, pour toujours cette fois... Cornille mort, personne ne prit sa suite.

Que voulez-vous, monsieur !... tout a une fin en ce monde, et il faut croire que le temps des moulins à vent était passé comme celui des cloches sur le Rhône, des parlements et des jaquettes à grandes fleurs.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Charles Cros



Le hareng saur

Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.

Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle - gros, gros, gros.

Alors il monte à l'échelle - haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu - toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur nu - nu, nu, nu.

Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec.

Il redescend de l'échelle - haute, haute, haute,
L'emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s'en va ailleurs - loin, loin, loin.

Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue,
Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours.

J'ai composé cette histoire - simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves,
Et amuser les enfants - petits, petits, petits.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
Eribazh
Messages : 2017
Enregistré le : mer. 2 avr. 2008 08:52
Modèle de caravane : Troll 554 GT
prénom : Luc
Localisation : Haute Bretagne (35)
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par Eribazh »

La môme néant

Quoi qu'a dit ? - A dit rin.
Quoi qu'a fait ? - A fait rin.
A quoi qu'a pense ? - A pense à rin.

Pourquoi qu'a dit rin ? Pourquoi qu'a fait rin ? Pourquoi qu'a pense à rin ?

- A' xiste pas.

Jean Tardieu
Avatar du membre
Eribazh
Messages : 2017
Enregistré le : mer. 2 avr. 2008 08:52
Modèle de caravane : Troll 554 GT
prénom : Luc
Localisation : Haute Bretagne (35)
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par Eribazh »

Pour ceux qui aiment les chiens.


Le vieux et son chien

S'il était le plus laid
De tous les chiens du monde,
Je l'aimerais encore
À cause de ses yeux.

Si j'étais le plus vieux
De tous les vieux du monde,
L'amour luirait encore
Dans le fond de ses yeux.

Et nous serions tous deux
Lui si laid, moi si vieux,
Un peu moins seuls au monde,
À cause de ses yeux.

P. MENANTEAU
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

C'est superbe.....moi qui aime les chiens et qui en a toujours eu depuis ma plus tendre enfance......je ne connaissais pas ce magnifique poème.....un grand merci :gene: que c'est beau...........;
Modifié en dernier par djef24 le jeu. 21 mars 2019 22:10, modifié 1 fois.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Mai
Guillaume Apollinaire

Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?

Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières

Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment

Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Alphonse de LAMARTINE

Le lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Page d’écriture de

Jacques PRÉVERT


Deux et deux quatre
Quatre et quatre huit
Huit et huit font seize…

Répétez! dit le maître

Deux et deux quatre
Quatre et quatre huit
Huit et huit font seize…

Mais voilà l’oiseau-lyre
Qui passe dans le ciel
L’enfant le voit
L’enfant l’entend
L’enfant l’appelle :

Sauve-moi
Joue avec moi
Oiseau!

Alors l’oiseau descend
Et joue avec l’enfant
Deux et deux quatre…

Répétez! dit le maître

Et l’enfant joue
L’oiseau joue avec lui…

Quatre et quatre huit
Huit et huit font seize
Et seize et seize qu’est-ce qu’ils font ?
Ils ne font rien seize et seize
Et surtout pas trente-deux
De toute façon
Et ils s’en vont.

Et l’enfant a caché l’oiseau
Dans son pupitre
Et tous les enfants
Entendent sa chanson
Et tous les enfants
Entendent la musique

Et huit et huit à leur tour s’en vont
Et quatre et quatre et deux et deux
A leur tour fichent le camp
Et un et un ne font ni une ni deux
Un à un s’en vont également.

Et l’oiseau-lyre joue
Et l’enfant chante
Et le professeur crie :

Quand vous aurez fini de faire le pitre!

Mais tous les autres enfants
Écoutent la musique
Et les murs de la classe
S’écroulent tranquillement.

Et les vitres redeviennent sable
L’encre redevient eau
Les pupitres redeviennent arbres
La craie redevient falaise
Le porte-plume redevient oiseau.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Un oiseau chante

Guillaume Apollinaire


Un oiseau chante ne sais où

C’est je crois ton âme qui veille

Parmi tous les soldats d’un sou

Et l’oiseau charme mon oreille



Écoute il chante tendrement

Je ne sais pas sur quelle branche

Et partout il va me charmant

Nuit et jour semaine et dimanche



Mais que dire de cet oiseau

Que dire des métamorphoses

De l’âme en chant dans l’arbrisseau

Du cœur en ciel du ciel en roses



L’oiseau des soldats c’est l’amour

Et mon amour c’est une fille

La rose est moins parfaite et pour

Moi seul l’oiseau bleu s’égosille



Oiseau bleu comme le cœur bleu

De mon amour au cœur céleste

Ton chant si doux répète-le

À la mitrailleuse funeste



Qui claque à l’horizon et puis

Sont-ce les astres que l’on sème

Ainsi vont les jours et les nuits

Amour bleu comme est le cœur même
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

A l 'enterrement d 'une feuille morte

Jacques Prevert

A l'enterrement d 'une feuille morte

Deux escargots s 'en vont

Ils ont la coquille noire

Du crepe autour des cornes

Ils s 'en vont dans le soir



Un très beau soir d'automne

Hélas quand ils arrivent

C'est déja le printemps

Les feuilles qui étaient mortes

Sont toutes ressucitées

Et les deux escargots sont très désappointés.



Mais voila le soleil, le soleil qui leur dit

Prenez, prenez la peine de vous asseoir

Prenez un verre de bière, si le coeur vous en dit



Prenez si ça vous plait, l 'autocar pour Paris

Il partira ce soir, vous verrez du pays



Mais ne prenez pas le deuil, c 'est moi qui vous le dit

Ca noircit le blanc de l 'oeil, et puis ça enlaidit

Les histoires de cercueils, c 'est triste et pas joli



Reprenez vos couleurs, les couleurs de la vie



Alors toutes les betes, les arbres et les plantes

Se mettent a chanter, a chanter a tue-tete

La vraie chanson vivante, la chanson de l'été



Et tout le monde de boire, tout le monde de trinquer

C'est un très joli soir, un joli soir d'été



Et les deux escargots s 'en retournent chez eux

Ils s'en vont très émus, ils s'en vont très heureux



Comme ils ont beaucoup bu, ils titubent un petit peu



Mais la haut dans le ciel, la lune veille sur eux.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
LANDERIBA
Messages : 17488
Enregistré le : sam. 1 nov. 2008 13:37
Modèle de caravane : Familia de 1992 + Defender 110 de 1998. Land 109 de 1972.
prénom : J-Pierre + Marie-Thé
Localisation : Centre Bretagne Pontivy Morbihan
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par LANDERIBA »

:hello:

J'aime bien les histoires de cagouilles !!!! :super: :mdr3: :mdr1:


JP :happy1:
BZH : Bienvenue en Zone Humide Image
Vieillir, c'est la seule façon de vivre longtemps............
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Alfred de MUSSET

Le saule


Pâle étoile du soir, messagère lointaine,
Dont le front sort brillant des voiles du couchant,
De ton palais d'azur, au sein du firmament,
Que regardes-tu dans la plaine ?

La tempête s'éloigne, et les vents sont calmés.
La forêt, qui frémit, pleure sur la bruyère ;
Le phalène doré, dans sa course légère,
Traverse les prés embaumés.

Que cherches-tu sur la terre endormie ?
Mais déjà vers les monts je te vois t'abaisser ;
Tu fuis, en souriant, mélancolique amie,
Et ton tremblant regard est près de s'effacer.

Étoile qui descends vers la verte colline,
Triste larme d'argent du manteau de la Nuit,
Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine,
Tandis que pas à pas son long troupeau le suit, -

Étoile, où t'en vas-tu, dans cette nuit immense ?
Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?
Où t'en vas-tu si belle, à l'heure du silence,
Tomber comme une perle au sein profond des eaux ?

Ah ! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête
Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux,
Avant de nous quitter, un seul instant arrête ; -
Étoile de l'amour, ne descends pas des cieux !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Le bonhomme de neige

Dans la nuit de l’hiver
Galope un grand homme blanc
Galope un grand homme blanc
C’est un bonhomme de neige
Avec une pipe en bois
Un grand bonhomme de neige
Poursuivi par le froid.
Il arrive au village
Il arrive au village
Voyant de la lumière
Le voilà rassuré.
Dans une petite maison
Il entre sans frapper
Dans une petite maison
Il entre sans frapper,
Et pour se réchauffer
Et pour se réchauffer
S’assoit sur le poêle rouge
Et d’un coup disparaît
Ne laissant que sa pipe
Au milieu d’une flaque d’eau
Ne laissant que sa pipe
Et puis son vieux chapeau ...

Jacques PRÉVERT
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Théophile GAUTIER

Ce que disent les hirondelles


Déjà plus d'une feuille sèche
Parsème les gazons jaunis ;
Soir et matin, la brise est fraîche,
Hélas ! les beaux jours sont finis !

On voit s'ouvrir les fleurs que garde
Le jardin, pour dernier trésor :
Le dahlia met sa cocarde
Et le souci sa toque d'or.

La pluie au bassin fait des bulles ;
Les hirondelles sur le toit
Tiennent des conciliabules :
Voici l'hiver, voici le froid !

Elles s'assemblent par centaines,
Se concertant pour le départ.
L'une dit : " Oh ! que dans Athènes
Il fait bon sur le vieux rempart !

" Tous les ans j'y vais et je niche
Aux métopes du Parthénon.
Mon nid bouche dans la corniche
Le trou d'un boulet de canon. "

L'autre : " J'ai ma petite chambre
A Smyrne, au plafond d'un café.
Les Hadjis comptent leurs grains d'ambre
Sur le seuil d'un rayon chauffé.

" J'entre et je sors, accoutumée
Aux blondes vapeurs des chibouchs,
Et parmi les flots de fumée,
Je rase turbans et tarbouchs. "

Celle-ci : " J'habite un triglyphe
Au fronton d'un temple, à Balbeck.
Je m'y suspends avec ma griffe
Sur mes petits au large bec. "

Celle-là : " Voici mon adresse :
Rhodes, palais des chevaliers ;
Chaque hiver, ma tente s'y dresse
Au chapiteau des noirs piliers. "

La cinquième : " Je ferai halte,
Car l'âge m'alourdit un peu,
Aux blanches terrasses de Malte,
Entre l'eau bleue et le ciel bleu. "

La sixième : " Qu'on est à l'aise
Au Caire, en haut des minarets !
J'empâte un ornement de glaise,
Et mes quartiers d'hiver sont prêts. "

" A la seconde cataracte,
Fait la dernière, j'ai mon nid ;
J'en ai noté la place exacte,
Dans le pschent d'un roi de granit. "

Toutes : " Demain combien de lieues
Auront filé sous notre essaim,
Plaines brunes, pics blancs, mers bleues
Brodant d'écume leur bassin ! "

Avec cris et battements d'ailes,
Sur la moulure aux bords étroits,
Ainsi jasent les hirondelles,
Voyant venir la rouille aux bois.

Je comprends tout ce qu'elles disent,
Car le poète est un oiseau ;
Mais, captif ses élans se brisent
Contre un invisible réseau !

Des ailes ! des ailes ! des ailes !
Comme dans le chant de Ruckert,
Pour voler, là-bas avec elles
Au soleil d'or, au printemps vert !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Théophile GAUTIER

La fleur qui fait le printemps

Les marronniers de la terrasse
Vont bientôt fleurir, à Saint-Jean,
La villa d'où la vue embrasse
Tant de monts bleus coiffés d'argent.

La feuille, hier encor pliée
Dans son étroit corset d'hiver,
Met sur la branche déliée
Les premières touches de vert.

Mais en vain le soleil excite
La sève des rameaux trop lents ;
La fleur retardataire hésite
A faire voir ses thyrses blancs.

Pourtant le pêcher est tout rose,
Comme un désir de la pudeur,
Et le pommier, que l'aube arrose,
S'épanouit dans sa candeur.

La véronique s'aventure
Près des boutons d'or dans les prés,
Les caresses de la nature
Hâtent les germes rassurés.

Il me faut retourner encore
Au cercle d'enfer où je vis ;
Marronniers, pressez-vous d'éclore
Et d'éblouir mes yeux ravis.

Vous pouvez sortir pour la fête
Vos girandoles sans péril,
Un ciel bleu luit sur votre faîte
Et déjà mai talonne avril.

Par pitié, donnez cette joie
Au poëte dans ses douleurs,
Qu'avant de s'en aller, il voie
Vos feux d'artifice de fleurs.

Grands marronniers de la terrasse,
Si fiers de vos splendeurs d'été,
Montrez-vous à moi dans la grâce
Qui précède votre beauté.

Je connais vos riches livrées,
Quand octobre, ouvrant son essor,
Vous met des tuniques pourprées,
Vous pose des couronnes d'or.

je vous ai vus, blanches ramées,
Pareils aux dessins que le froid
Aux vitres d'argent étamées
Trace, la nuit, avec son doigt.

Je sais tous vos aspects superbes,
Arbres géants, vieux marronniers,
Mais j'ignore vos fraîches gerbes
Et vos arômes printaniers.

Adieu, je pars lassé d'attendre ;
Gardez vos bouquets éclatants !
Une autre fleur suave et tendre,
Seule à mes yeux fait le printemps.

Que mai remporte sa corbeille !
Il me suffit de cette fleur ;
Toujours pour l'âme et pour l'abeille
Elle a du miel pur dans le coeur.

Par le ciel d'azur ou de brume
Par la chaude ou froide saison,
Elle sourit, charme et parfume,
Violette de la maison !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Paul VERLAINE

Clair de lune

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
XYZ
Messages : 4030
Enregistré le : mar. 6 août 2013 11:48

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par XYZ »

Merci Djef. Toujours agréable de lire, relire ou découvrir ces textes si joliment écrits. :)
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Soleils couchants

Paul Verlaine

Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon cœur qui s’oublie
Aux soleils couchants.
Et d’étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
À de grands soleils
Couchants sur les grèves.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
LANDERIBA
Messages : 17488
Enregistré le : sam. 1 nov. 2008 13:37
Modèle de caravane : Familia de 1992 + Defender 110 de 1998. Land 109 de 1972.
prénom : J-Pierre + Marie-Thé
Localisation : Centre Bretagne Pontivy Morbihan
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par LANDERIBA »

:hello:

Il a dû redoubler plusieurs fois Djef, pour avoir "appris" tant de "récitations" !!! ;-) :mrgreen: :(
:sivousme: loin, très loin :mdr3: :mdr1:
BZH : Bienvenue en Zone Humide Image
Vieillir, c'est la seule façon de vivre longtemps............
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

LANDERIBA a écrit ::hello:

Il a dû redoubler plusieurs fois Djef, pour avoir "appris" tant de "récitations" !!! ;-) :mrgreen: :(
:sivousme: loin, très loin :mdr3: :mdr1:
Et tu as intéret de courir vite :P
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
Lavandine
Messages : 127
Enregistré le : lun. 10 juin 2013 18:40
Modèle de caravane : Triton 410 de 2000 - Skoda Yeti 115 CV diesel
prénom : Marco et Gini
Localisation : le sud
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par Lavandine »

Tous ces textes sont magnifiques.
En voici un autre que, personnellement, j'aime beaucoup, il est de Rudyard Kipling :

TU SERAS UN HOMME, MON FILS

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaitre,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maitre,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.
Mon Eriba, j'en suis gaga !
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Superbe poème :super: :super: :super:
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
XYZ
Messages : 4030
Enregistré le : mar. 6 août 2013 11:48

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par XYZ »

Peut être serait il bon de faire apprendre dans les écoles (de la maternelle à l'ENA en passant par l'ENS) le sens de ces mots si souvent oubliés. :ange:
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Le bateau ivre

Arthur Rimbaud ( écrit à l'age de 17ans )

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots !

Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !

J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
– Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !

J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
– Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !

Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Tristesse

Alfred de Musset

J’ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté;
J’ai perdu jusqu’à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j’ai connu la Vérité,
J’ai cru que c’était une amie ;
Quand je l’ai comprise et sentie,
J’en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d’elle
Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu’on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d’avoir quelquefois pleuré.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Charles BAUDELAIRE

Hymne

A la très chère, à la très belle
Qui remplit mon coeur de clarté,
A l'ange, à l'idole immortelle,
Salut en l'immortalité !

Elle se répand dans ma vie
Comme un air imprégné de sel,
Et dans mon âme inassouvie
Verse le goût de l'éternel.

Sachet toujours frais qui parfume
L'atmosphère d'un cher réduit,
Encensoir oublié qui fume
En secret à travers la nuit,

Comment, amour incorruptible,
T'exprimer avec vérité ?
Grain de musc qui gis, invisible,
Au fond de mon éternité !

A la très bonne, à la très belle
Qui fait ma joie et ma santé,
A l'ange, à l'idole immortelle,
Salut en l'immortalité !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

L’isolement

Alphonse de Lamartine

Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.

Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs,
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports,
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend. »

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.

Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ;
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire,
Je ne demande rien à l’immense univers.

Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !

Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ;
Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !

Que ne puis-je, porté sur le char de l’Aurore,
Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi !
Sur la terre d’exil pourquoi restè-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.

Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Mon rêve familier
Paul Verlaine

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l’ignore.
Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Au bord de l'eau

René-François Sully Prudhomme



S'asseoir tous deux au bord d'un flot qui passe,
Le voir passer ;
Tous deux, s'il glisse un nuage en l'espace,
Le voir glisser ;
À l'horizon, s'il fume un toit de chaume,
Le voir fumer ;
Aux alentours, si quelque fleur embaume,
S'en embaumer ;
Si quelque fruit, où les abeilles goûtent,
Tente, y goûter ;
Si quelque oiseau, dans les bois qui l'écoutent,
Chante, écouter...
Entendre au pied du saule où l'eau murmure
L'eau murmurer ;
Ne pas sentir, tant que ce rêve dure,
Le temps durer ;
Mais n'apportant de passion profonde
Qu'à s'adorer ;
Sans nul souci des querelles du monde,
Les ignorer ;
Et seuls, heureux devant tout ce qui lasse,
Sans se lasser,
Sentir l'amour, devant tout ce qui passe,
Ne point passer !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
LANDERIBA
Messages : 17488
Enregistré le : sam. 1 nov. 2008 13:37
Modèle de caravane : Familia de 1992 + Defender 110 de 1998. Land 109 de 1972.
prénom : J-Pierre + Marie-Thé
Localisation : Centre Bretagne Pontivy Morbihan
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par LANDERIBA »

:hello:

Celui là n'a pas été appris à l'école !!

Poème érotique breton ....

La nuit était si noire,
La lune était si blanche,
Nous étions seuls un soir,
Elle et moi sous les branches.

Ses grands yeux étaient si doux,
Et sa robe claire si belle,
Mon regard se porta sur ses douces mamelles,
Et, en la caressant, je me mis à genoux.

Je lui dis "calme toi" ma belle,
Et ne fait pas la rebelle,
Je fis courir ma main,
Doucement sur ses reins.

Je n'y connaissais rien,
Mais je fis assez bien,
Pour venir d'un geste tendre,
Tout en bas de son ventre.

Je me souviens de ma peur,
Et de l’excitation de mon cœur,
Jusqu'à ce moment béni,
Où ma honte s'enfuit.

Après quelques "hisses et hans",
Il ne fallut pas longtemps,
Pour d'un jet puissant,
Jaillisse le liquide blanc.


















vacheb12.jpg
vacheb12.jpg (87.5 Kio) Vu 9667 fois
Non mais, qu'est-ce que vous avez cru que j'allais vous raconter !!!!! :( ;-)

JP :mdr3: :mdr1: :jesors:
BZH : Bienvenue en Zone Humide Image
Vieillir, c'est la seule façon de vivre longtemps............
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

La grand-mère

Sophie d'Arbouville (1810-1850)






Dansez, fillettes du village,
Chantez vos doux refrains d'amour :
Trop vite, hélas ! un ciel d'orage
Vient obscurcir le plus beau jour.

En vous voyant, je me rappelle
Et mes plaisirs et mes succès ;
Comme vous, j'étais jeune et belle,
Et, comme vous, je le savais.
Soudain ma blonde chevelure
Me montra quelques cheveux blancs...
J'ai vu, comme dans la nature,
L'hiver succéder au printemps.

Dansez, fillettes du village,
Chantez vos doux refrains d'amour ;
Trop vite, hélas ! un ciel d'orage
Vient obscurcir le plus beau jour.

Naïve et sans expérience,
D'amour je crus les doux serments,
Et j'aimais avec confiance...
On croit au bonheur à quinze ans !
Une fleur, par Julien cueillie,
Était le gage de sa foi ;
Mais, avant qu'elle fût flétrie,
L'ingrat ne pensait plus à moi !

Dansez, fillettes du Village,
Chantez vos doux refrains d'amour ;
Trop vite, hélas ! un ciel d'orage
Vient obscurcir le plus beau jour.

À vingt ans, un ami fidèle
Adoucit mon premier chagrin ;
J'étais triste, mais j'étais belle,
Il m'offrit son cœur et sa main.
Trop tôt pour nous vint la vieillesse ;
Nous nous aimions, nous étions vieux...
La mort rompit notre tendresse...
Mon ami fut le plus heureux !

Dansez, fillettes du village,
Chantez vos doux refrains d'amour ;
Trop vite, hélas ! un ciel d'orage
Vient obscurcir le plus beau jour.

Pour moi, n'arrêtez pas la danse ;
Le ciel est pur, je suis au port,
Aux bruyants plaisirs de l'enfance
La grand-mère sourit encor.
Que cette larme que j'efface
N'attriste pas vos jeunes cœurs :
Le soleil brille sur la glace,
L'hiver conserve quelques fleurs.

Dansez, fillettes du village,
Chantez vos doux refrains d'amour,
Et, sous un ciel exempt d'orage,
Embellissez mon dernier jour !
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Victor HUGO

Je prendrai par la main les deux petits enfants

Je prendrai par la main les deux petits enfants ;
J'aime les bois où sont les chevreuils et les faons,
Où les cerfs tachetés suivent les biches blanches
Et se dressent dans l'ombre effrayés par les branches ;
Car les fauves sont pleins d'une telle vapeur
Que le frais tremblement des feuilles leur fait peur.
Les arbres ont cela de profond qu'ils vous montrent
Que l'éden seul est vrai, que les coeurs s'y rencontrent,
Et que, hors les amours et les nids, tout est vain ;
Théocrite souvent dans le hallier divin
Crut entendre marcher doucement la ménade.
C'est là que je ferai ma lente promenade
Avec les deux marmots. J'entendrai tour à tour
Ce que Georges conseille à Jeanne, doux amour,
Et ce que Jeanne enseigne à George. En patriarche
Que mènent les enfants, je réglerai ma marche
Sur le temps que prendront leurs jeux et leurs repas,
Et sur la petitesse aimable de leurs pas.
Ils cueilleront des fleurs, ils mangeront des mûres.
Ô vaste apaisement des forêts ! ô murmures !
Avril vient calmer tout, venant tout embaumer.
Je n'ai point d'autre affaire ici-bas que d'aimer.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Victor HUGO

Lise

J'avais douze ans ; elle en avait bien seize.
Elle était grande, et, moi, j'étais petit.
Pour lui parler le soir plus à mon aise,
Moi, j'attendais que sa mère sortît ;
Puis je venais m'asseoir près de sa chaise
Pour lui parler le soir plus à mon aise.

Que de printemps passés avec leurs fleurs !
Que de feux morts, et que de tombes closes !
Se souvient-on qu'il fut jadis des coeurs ?
Se souvient-on qu'il fut jadis des roses ?
Elle m'aimait. Je l'aimais. Nous étions
Deux purs enfants, deux parfums, deux rayons.

Dieu l'avait faite ange, fée et princesse.
Comme elle était bien plus grande que moi,
Je lui faisais des questions sans cesse
Pour le plaisir de lui dire : Pourquoi ?
Et par moments elle évitait, craintive,
Mon oeil rêveur qui la rendait pensive.

Puis j'étalais mon savoir enfantin,
Mes jeux, la balle et la toupie agile ;
J'étais tout fier d'apprendre le latin ;
Je lui montrais mon Phèdre et mon Virgile ;
Je bravais tout; rien ne me faisait mal ;
Je lui disais : Mon père est général.

Quoiqu'on soit femme, il faut parfois qu'on lise
Dans le latin, qu'on épelle en rêvant ;
Pour lui traduire un verset, à l'église,
Je me penchais sur son livre souvent.
Un ange ouvrait sur nous son aile blanche,
Quand nous étions à vêpres le dimanche.

Elle disait de moi : C'est un enfant !
Je l'appelais mademoiselle Lise.
Pour lui traduire un psaume, bien souvent,
Je me penchais sur son livre à l'église ;
Si bien qu'un jour, vous le vîtes, mon Dieu !
Sa joue en fleur toucha ma lèvre en feu.

Jeunes amours, si vite épanouies,
Vous êtes l'aube et le matin du coeur.
Charmez l'enfant, extases inouïes !
Et quand le soir vient avec la douleur,
Charmez encor nos âmes éblouies,
Jeunes amours, si vite épanouies!
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Alfred de Musset

Derniers vers

L’heure de ma mort, depuis dix-huit mois,
De tous les côtés sonne à mes oreilles,
Depuis dix-huit mois d’ennuis et de veilles,
Partout je la sens, partout je la vois.

Plus je me débats contre ma misère,
Plus s’éveille en moi l’instinct du malheur ;
Et, dès que je veux faire un pas sur terre,
Je sens tout à coup s’arrêter mon coeur.

Ma force à lutter s’use et se prodigue.
Jusqu’à mon repos, tout est un combat ;
Et, comme un coursier brisé de fatigue,
Mon courage éteint chancelle et s’abat.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

La Forêt
François-René de Chateaubriand

Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J’éprouve un sentiment libre d’inquiétude !
Prestiges de mon cœur ! je crois voir s’exhaler
Des arbres, des gazons une douce tristesse :
Cette onde que j’entends murmure avec mollesse,
Et dans le fond des bois semble encor m’appeler.
Oh ! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière
Ici, loin des humains !… Au bruit de ces ruisseaux,
Sur un tapis de fleurs, sur l’herbe printanière,
Qu’ignoré je sommeille à l’ombre des ormeaux !
Tout parle, tout me plaît sous ces voûtes tranquilles ;
Ces genêts, ornements d’un sauvage réduit,
Ce chèvrefeuille atteint d’un vent léger qui fuit,
Balancent tour à tour leurs guirlandes mobiles.
Forêts, dans vos abris gardez mes vœux offerts !
A quel amant jamais serez-vous aussi chères ?
D’autres vous rediront des amours étrangères ;
Moi de vos charmes seuls j’entretiens les déserts.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

La mer

François-René de Chateaubriand

Des vastes mers tableau philosophique,
Tu plais au coeur de chagrins agité :
Quand de ton sein par les vents tourmenté,
Quand des écueils et des grèves antiques
Sortent des bruits, des voix mélancoliques,
L’âme attendrie en ses rêves se perd,
Et, s’égarant de penser en penser,
Comme les flots de murmure en murmure,
Elle se mêle à toute la nature :
Avec les vents, dans le fond des déserts,
Elle gémit le long des bois sauvages,
Sur l’Océan vole avec les orages,
Gronde en la foudre, et tonne dans les mers.

Mais quand le jour sur les vagues tremblantes
S’en va mourir ; quand, souriant encor,
Le vieux soleil glace de pourpre et d’or
Le vert changeant des mers étincelantes,
Dans des lointains fuyants et veloutés,
En enfonçant ma pensée et ma vue,
J’aime à créer des mondes enchantés
Baignés des eaux d’une mer inconnue.
L’ardent désir, des obstacles vainqueur,
Trouve, embellit des rives bocagères,
Des lieux de paix, des îles de bonheur,
Où, transporté par les douces chimères,
Je m’abandonne aux songes de mon coeur.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Ce qui dure

René-François Sully Prudhomme (1839-1907)



Le présent se fait vide et triste,
Ô mon amie, autour de nous ;
Combien peu de passé subsiste !
Et ceux qui restent changent tous.

Nous ne voyons plus sans envie
Les yeux de vingt ans resplendir,
Et combien sont déjà sans vie
Des yeux qui nous ont vus grandir !

Que de jeunesse emporte l'heure,
Qui n'en rapporte jamais rien !
Pourtant quelque chose demeure :
Je t'aime avec mon cœur ancien,

Mon vrai cœur, celui qui s'attache
Et souffre depuis qu'il est né,
Mon cœur d'enfant, le cœur sans tache
Que ma mère m'avait donné ;

Ce cœur où plus rien ne pénètre,
D'où plus rien désormais ne sort ;
Je t'aime avec ce que mon être
A de plus fort contre la mort ;

Et, s'il peut braver la mort même,
Si le meilleur de l'homme est tel
Que rien n'en périsse, je t'aime
Avec ce que j'ai d'immortel.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

La feuille

Antoine-Vincent Arnault (1766-1834)






— De ta tige détachée,
Pauvre feuille desséchée,
Où vas-tu ? — Je n'en sais rien.
L'orage a frappé le chêne
Qui seul était mon soutien.
De son inconstante haleine,
Le zéphyr ou l'aquilon
Depuis ce jour me promène
De la forêt à la plaine,
De la montagne au vallon.
Je vais où le vent me mène.
Sans me plaindre ou m'effrayer,
Je vais où va toute chose,
Où va la feuille de rose
Et la feuille de laurier.
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Avatar du membre
djef24
Messages : 7836
Enregistré le : mar. 16 févr. 2010 10:59
Modèle de caravane : Eriba troll jaune ( jubilé ) de 1998
prénom : Jean-François
Localisation : Sud Périgord noir
Contact :

Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Un poème pour aujourd'hui

Il était monté tout en haut de Notre-Dame,
Se tenant, essoufflé, près du lourd carillon.
L’infirme caressait le fabuleux bourdon
Et la vue de Paris émerveillait son âme…

Sous ses pieds s’étendaient la Seine et ses bateaux,
L’île de la Cité, ses places, ses venelles,
Les flèches et les tours, tranquilles sentinelles...
Plus loin, c'était Montmartre et ses charmants coteaux.

Quasimodo pencha la tête et regarda :
Sur le parvis dansait la belle Esmeralda,
Créoles, caraco doré, châle vermeil.

Et le bossu, parmi les gargouilles sévères,
Les griffons, les serpents, les guivres, les chimères,
Rêvait d’un peu d’amour et d’un rai de soleil…

Jean-Paul Labaisse 2009
d'après le roman de Victor Hugo
systèmes d'exploitation : Ubuntu-mate , Lubuntu ( linux ) et Windows 10
A la r'voyure
djef
Répondre

Retourner vers « Autres choses... »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 3 invités